Et si, pour lutter contre l’inobservance, il fallait jouer sur le ressort ludique ? Pour aider les patients à suivre correctement leur traitement, on a essayé la pédagogie, les incitations financières, les amendes... En vain : une récente enquête du groupe IMS Health révélait que pour 6 maladies chroniques étudiées, le taux d’observance globale était de l’ordre de 40 %.
Face à une telle situation, le temps est peut-être venu de donner leur chance à des solutions innovantes. Aux États-Unis, par exemple, des applications pour smartphone de type « Candy Crush » font gagner aux patients des prix s’ils prennent correctement leurs anti-hypertenseurs ou leurs statines.
Mango Health, start-up basée à San Francisco et fondée par d’anciens professionnels du jeu sur téléphone mobile, est l’un des pionniers dans le domaine. Elle propose une application au design tout en fruits et légumes, comme dans le populaire « Fruit Ninja ».
En prenant ses médicaments conformément aux recommandations, le patient accumule des points pour gagner des bons de réduction chez des commerçants partenaires. Il peut aussi savoir comment ses amis se débrouillent dans le jeu, recevoir des alertes pour ne rien oublier, être averti en cas d’interactions médicamenteuses dangereuses…
Le tout est gratuit pour l’utilisateur. Mango Health est financé par les prestataires de soins et les assureurs, qui estiment qu’ils pourront bénéficier des économies générées par une meilleure adhérence aux traitements.
À quand le premier « Angry Birds » sanitaire français ?
Alors, ce qui est possible aux États-Unis l’est-il en France ? « En Europe, en matière d’observance, on a beaucoup de progrès à faire sur la "gamification" », explique au « Quotidien » Benhamin Sarda, directeur marketing d’Orange Healthcare. Ce cadre du géant français des télécommunications indique que des projets existent pour aider les patients à suivre leur traitement, mais qu’il s’agit surtout d’outils pédagogiques.
Quand des incitations financières sont en jeu, ce sont souvent des incitations négatives. C’est par exemple le cas de la fameuse télésurveillance des malades souffrant d’apnée du sommeil, qui visait à dérembourser l’appareil de pression positive continue des patients qui ne l’utilisaient pas correctement.
Il y a donc de la place pour des applications de type « Mango Health » en France. Mais attention, avertit Benhamin Sarda, il ne faut pas s’attendre à ce que les jeux pour smartphone permettent de solutionner tous les problèmes d’inobservance. Ce qu’il appelle la « gamification » doit donc d’après lui être un élément d’une stratégie plus large.
Ce qui ne l’empêche pas de penser qu’il est nécessaire de développer ce genre d’outil en Europe. Dans ce cas, Orange Healthcare doit s’attendre à subir la concurrence américaine. Jason Oberfest, le directeur de Mango Health, a en effet confié au « Quotidien » son intention de s’implanter prochainement sur le Vieux Continent.
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