Pas de relation sexuelle, y compris de sexe oral, pendant une durée minimale de trois mois : le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a joué la carte de la prudence dans son avis relatif à la conduite à tenir concernant la transmission du virus Ebola, après guérison clinique, par les liquides biologiques et notamment par voie sexuelle. Les auteurs s’alignent donc sur les recommandations des autorités sanitaires américaines (CDC) dans cet avis qui fait suite à une saisine du HCSP par la Direction générale de la santé (DGS) datant du 14 octobre. Si l’abstinence n’est pas possible, le HCSP recommande l’utilisation de préservatifs et le lavage soigneux des mains à l’eau et au savon après toute manipulation de ce moyen de protection. Pendant cette même période de trois mois, les patients doivent également se laver les mains après toute miction, défécation ou manipulation de protections hygiéniques intimes.
Des clairances différées selon les fluides biologiques
La contagiosité d’un malade infecté par le virus Ebola est corrélée à la sévérité des symptômes, mais le risque ne disparaît pas totalement avec la fin de ces derniers. Il peut en effet persister des traces du virus dans certains fluides biologiques, principalement dans les urines, les sécrétions vaginales et le sperme.
Dans le document mis en ligne sur son site, le HCSP fait la distinction entre les fluides pour lesquels la clairance est rapide lors de la guérison clinique (le sang), de ceux pour lesquels la clairance est intermédiaire (urine et sécrétion vaginale) et de ceux pour lesquels la clairance est prolongée (le sperme).
Interrogé par « le Quotidien du Médecin », le Pr Sylvain Baize, directeur du Centre national de référence (CNR) des fièvres hémorragiques virales de Lyon explique que « le virus Ebola est fragile, mais il compense par une très grande capacité de multiplication. Les charges virales sont tellement importantes dans les fluides qu’elles mettent parfois plusieurs mois à totalement disparaître. »
Pas d’allaitement pendant trois mois
La charge virale des liquides biologiques d’un patient infecté est en effet majeure, elle peut atteindre 109 à 1010 PFU/g (PFU signifie Plaque Forming Unit, c’est-à-dire le nombre de particules capables de former une plaque visible dans une culture microbienne). Le HCSP préconise également l’interdiction de l’allaitement maternel pendant les trois mois qui suivent la disparition des symptômes, bien qu’il rappelle que la présence de virus dans le lait maternel après sa disparition dans le sang n’a été reportée que dans un seul cas pour l’instant. Il est cependant possible que la glande mammaire, comme les gonades et l’œil constituent des sites immunologiquement protégés dans lesquels la clairance du virus est différée.
Il ne fait en revanche aucun doute que le virus reste présent dans le sperme de patients convalescents plusieurs mois après la fin de la phase aiguë. Les CDC américains affirment d’ailleurs que le virus peut être retrouvé jusqu’à trois mois après la fin de la maladie. Pour ce qui est de la persistance du virus dans l’environnement du malade, une étude reproduisant des conditions environnementales favorables rapporte une persistance de virus actif jusqu’à six jours sur différents types de support, mais ces résultats ont été contredits par des études faites « dans la vraie vie ».
Différer certains soins
Le HCSP émet également des recommandations concernant la sécurité des soins dans les trois mois qui suivent la sortie de l’isolement. Les examens impliquant un contact ou une manipulation avec les muqueuses ou leurs sécrétions, comme les examens ophtalmologiques, gynécologiques ou les soins dentaires doivent, sauf urgence, être différés à trois mois de délai. Un retrait de dispositif intra-utérin (DIU) ne sera réalisé qu’en cas d’impérieuse nécessité, et le DIU doit être traité par immersion dans de l’eau de javel à 0,5 % pendant 30 minutes.
Quand lever l’isolement ?
Le document contient également des recommandations précises concernant la levée de l’isolement des personnes guéries. Cette dernière doit reposer sur la négativité de deux RT-PCR dans le sang à 48 heures d’intervalle et la négativité d’une RT-PCR dans les urines. Les échantillons biologiques de type sang, sérum et urines prélevés à distance chez des patients guéris ayant bénéficié d’une levée d’isolement ne sont plus infectieux pour le virus Ebola et peuvent être manipulés avec des règles habituelles de biosécurité des laboratoires de classe 2. Une hospitalisation en chambre seule dans une unité de médecine avec précautions contact après négativation de deux PCR sang et d’une PCR urine constitue une étape intermédiaire avant le retour au domicile.
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