Face aux résultats intermédiaires très encourageants de l’étude randomisée IPERGAY sur l’évaluation de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) à la demande dans la prévention de la transmission sexuelle du VIH à des homosexuels masculins sains, le comité d’éthique indépendant de l’essai vient de décider d’ouvrir l’accès à la PrEP à la demande à l’intégralité des 400 volontaires sains inclus dans l’étude, y compris ceux du groupe placebo. Les résultats définitifs seront communiqués au début de l’année 2015. Le Pr Jean-Michel Molina, de l’hôpital Saint-Louis, qui dirige l’étude IPERGAY, a cependant indiqué au « Quotidien du Médecin » que la réduction du risque de contamination, entre le groupe recevant des comprimés d’antirétroviraux et ceux recevant un placebo était « de l’ordre de 80 % ».
Une conséquence de l’étude anglaise PROUD
Les essais sur la prophylaxie PrEP utilisant des antirétroviraux a donné jusqu’à présent des résultats contrastés. L’essai IPREX, par exemple, a montré une réduction de 42 % du risque d’infection dans un groupe utilisant un traitement quotidien de Truvada, une association fixe de ténofovir et d’emtricitabine, par rapport à un groupe placebo. L’essai britannique PROUD a quant à lui étudié les différences de risque de contamination entre un groupe d’hommes recevant du Truvada dès la première année, et un autre ne commençant le traitement qu’à partir de la deuxième année. Le comité d’éthique indépendant a recommandé de donner une PrEP à l’ensemble des participants de l’essai PROUD, compte tenu des résultats intermédiaires. C’est suite à cette décision que l’ANRS a saisi en urgence le comité d’éthique indépendant de l’essai IPERGAY, qui a pris la même décision.
Prophylaxie à la demande
La modalité d’usage de la PrEP évaluée dans l’étude IPERGAY se distingue par sa souplesse, puisqu’il s’agit d’une offre de prophylaxie « à la demande », alors que les études IPREX et PROUD proposaient des traitements en continue. « Chez un patient sain, l’observance soutenue d’un traitement est difficile à obtenir, mais il semble que l’on obtient une meilleure protection si on demande de le prendre au bon moment : deux comprimés dans les heures qui précèdent le rapport sexuel et deux autres dans les heures qui suivent », explique Jean-Michel Molina. Lors de la dernière conférence mondiale sur le SIDA qui s’est tenue à Melbourne en juillet, les investigateurs de l’étude IPERGAY avaient signalé que l’on retrouvait des traces d’antirétroviraux chez plus de 80 % des participants de l’étude.
Bien employé, le préservatif reste indétrônable
Répartis entre Paris, Lyon, Nantes, Tourcoing et Montréal depuis février 2012, les investigateurs ont procuré aux 400 participants un ensemble de mesures préventives : conseils, dépistages répétés et traitement des autres infections sexuellement transmissibles, distribution de préservatifs et de gel… La diminution du risque de 80 % observée par les auteurs est donc très impressionnante, compte tenu du niveau de sensibilisation des deux groupes. Les volontaires recrutés étaient tous des hommes homosexuels qui reconnaissaient ne pas utiliser de préservatifs lors de leurs rapports sexuels et le traitement antirétroviral choisi était le Truvada, comment dans les essais PROUD et IPREX. « Il s’agit du traitement sur lequel nous disposons le plus de données de sécurité, explique Jean-Michel Molina qui tient à préciser qu’en dépit des bons résultats d’IPERGAY, le préservatif utilisé correctement reste la meilleure des protections. »
AIDES milite pour une RTU
L’association AIDES, co-investigateur de l’essai, voit dans ces résultats « une opportunité historique de faire chuter le nombre de nouvelles contaminations parmi les populations les plus exposées au risque VIH ». Son président, Bruno Spire, souligne que l’efficacité de la stratégie de prévention testée dans l’étude IPERGAY justifie la mise à disposition de ce nouvel pour toutes les personnes vulnérables exposées au risque « au-delà de la seule communauté gay ». L’association demande la poursuite des inclusions dans l’essai et renouvelle sa demande d’une RTU (Recommandation temporaire d’utilisation) pour les personnes à risques qui n’ont pas accès aux essais cliniques.
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