Les résultats annoncés en mai dernier par Sanofi Pasteur à propos de son candidat vaccin contre la dengue sont aujourd’hui publiés aujourd’hui en ligne dans « The Lancet » et dans « The Lancet Infectious Diseases ». L’étude randomisée multicentrique a 10 275 enfants de 2 à 14 ans dans 5 pays d’Asie* qui ont reçu 3 doses du vaccin (n = 6851) ou du placebo (n = 3424) à 0, 6 et 12 mois. Les participants ont été suivis pendant 25 mois.
Vingt-huit jours après la dernière injection, 117 cas de dengue ont été observés dans le groupe des enfants ayant reçu le vaccin contre 133 dans le groupe placebo. L’efficacité vaccinale mesurée est donc de 56,5 %.
Les cas de dengue hémorragique ont diminué de 88,5 %. Le risque d’hospitalisation due à la dengue a, lui, diminué de 67 % pendant la durée de l’étude. Le profil de tolérance correspond au profil observé durant les précédentes études de phases I, II et IIb ; « les effets indésirables graves étaient conformes aux problèmes médicaux liés à cette tranche d’âge et correspondaient essentiellement à des infections et des blessures », assure Sanofi Pasteur.
Les 4 sérotypes du virus étaient présents au cours de cette étude en Asie et réagissent différemment au vaccin, dont l’efficacité varie entre 34,7 % pour le sérotype 2, 50 % pour 1, 85,3 % pour le 4 et 78 % pour le 3.
L’étude confirme aussi l’incidence de la maladie : dans le groupe témoin, un enfant sur 20 est touché par la dengue chaque année, soit une proportion triple par rapport à celle qui était attendue. Quelque 500 000 personnes par an, adultes comme enfants, sont touchées par des cas sévères de dengue et doivent être hospitalisées.
Objectif : réduction de la mortalité de moitié, selon l’OMS
« Les résultats de cette étude pivot d’efficacité nous rapprochent de notre ambition de mettre à disposition le premier vaccin contre la dengue au monde. Après plus de 20 ans d’engagement, ces recherches sont un pas de plus vers l’atteinte des objectifs stratégique de l’OMS visant à réduire de moitié la mortalité et d’au moins 25 % la morbidité due à la dengue, d’ici à 2020 », se félicite John Shiver, vice-président R&D de Sanofi Pasteur.
Dans un commentaire du « Lancet », le Pr Annelies Wilder-Smith de Singapour estime qu’un vaccin réduisant de moitié les cas annuels de dengue est un « avantage important sur le plan de la santé publique », sans être une solution miracle. Et de s’interroger sur la pertinence d’une seule dose, qui semble, pour ce vaccin, est aussi efficace que les 3.
Les résultats de cette étude devraient être complétés par ceux d’une seconde menée en Amérique latine et dans les Caraïbes, incluant plus de 20 000 enfants et adolescents âgés de 9 à 16 ans, vivant au Brésil, en Colombie, au Honduras, Mexique et à Porto Rico. Par ailleurs, les enfants d’Asie seront suivis jusqu’en 2017.
Sanofi Pasteur, dont l’usine de production de Neuville-sur-Saone est prête depuis plus d’un an, espère pouvoir commercialiser son vaccin dès 2015.
* Menée en Indonésie, Malaisie, Philippines, Thaïlande, et Vietnam, entre 2011 et 2013
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature