Resynchroniser le cerveau d’un criminel grâce à la stimulation corticale. Après avoir fait sursauter la communauté scientifique en juin dernier en affirmant qu’il sera possible de greffer une tête sur le corps d’un donneur d’ici deux ans, Sergio Canavero lance un nouveau pavé dans la mare des polémiques.
« La stimulation corticale est déjà utilisée sur des patients plongés dans un état végétatif ou atteint de parkinson et aussi après un AVC. Cette technique est sans risque, il n’y a aucun risque d’hémorragie. On stimule seulement l’écorce », assène ce neurologue mondialement connu.
« En l’état actuel, il n’existe que deux systèmes pour certains criminels : la prison ou la peine de mort. Des peines qui compensent l’absence de traitements médicaux adéquates », estime Sergio Canavero qui vient de publier un article à ce propos dans la revue scientifique en ligne « Frontiers in Human Neuroscience ». Il ajoute que la psychochirurgie a été utilisée au XXe siècle pour contrôler les comportements agressifs avant d’être écartée dans les années soixante-dix.
« Durant les quinze, vingt dernières années, on a découvert que les origines de la psychopathie, dépendent d’un déficit important des circuits de l’empathie », explique le neurologue italien.
Une action sur les circuits de l’empathie
Alors comment remettre en quelque sorte, le cerveau des psychopathes sur le bon rail ? « Avec la stimulation corticale, on agit sur les circuits cérébraux de l’empathie. Pour faire simple, ce type de procédure a la capacité d’altérer l’équilibre cérébral de manière permanente », affirme Sergio Canavero. Il ajoute que ce traitement permet d’augmenter les facultés des circuits empathiques donc, de faire comprendre à un individu « la souffrance qu’il inflige aux autres ».
En somme, le remède miracle pour les criminels et la société du moins selon ce neurologue. Vers la fin des années 2000, ce chirurgien qui dirige le Tang, le centre de modulation neurologique de Turin, avait déjà testé la stimulation corticale pour tenter de réveiller une patiente plongée dans un coma végétatif depuis deux ans. Le traitement avait partiellement fonctionné. La jeune femme âgée de vingt ans, avait en effet récupéré une conscience minimale lui permettant de se nourrir et de répondre à des ordres simples donnés par les médecins.
Mais si cette recette peut fonctionner dans certains cas précis comme les réveils partiels ou le traitement des AVC, il n’est pas dit en revanche, qu’elle puisse avoir des résultats identiques sur le comportement. « C’est une théorie fumeuse, on ne peut pas modifier l’hippocampe et surtout pas de façon permanente avec la stimulation. Si c’était possible, nous aurions trouvé la panacée et régler tous les problèmes concernant l’activité psychiatrique et psychologique », s’énerve Tancredi Igino.
Ce neuropsychiatre qui exerce à l’hôpital militaire romain Celio et donne des consultations à la prison de Rebibbia, aucun doute n’est possible. La stimulation corticale ne peut en aucun cas « régler les troubles de la personnalité et restituer la normalité ».
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