Un médecin, par ailleurs maire de Hombourg-Haut (Moselle), a contesté, jeudi 31 octobre, devant les juges son interdiction d’exercer son métier le temps de l’information judiciaire. Le praticien avait été mis en examen début octobre dans une affaire de trafic de Subutex. Les juges de la chambre d’instruction de la cour d’appel de Metz ont mis la décision en délibéré au 21 novembre. L’avocat général s’est prononcé pour le maintien de l’interdiction.
Le généraliste a expliqué qu’étant l’un des rares médecins du département à accueillir des toxicomanes dans son cabinet, ses nombreux patients héroïnomanes étaient sans lui en état « de dépression lié au sevrage ». « Ce sont des malades qu’il faut soigner d’une autre manière que des malades classiques », a-t-il insisté. « Je ne suis pas favorable à une vente libre de Subutex sans ordonnance, mais on est arrivé au bout du système », a-t-il estimé, recommandant une « table ronde » sur le sujet.
25 000 ordonnances de Subutex
Son avocat, Me Dominique Rondu, a rappelé que ce praticien et deux autres confrères de Moselle-Est avaient bénéficié d’un non-lieu l’an dernier dans une affaire similaire, faute d’« élément moral de l’infraction ». « Les pouvoirs publics ont laissé le problème aux médecins », qui se retrouvent parfois dans une « grande solitude », a ajouté Me Rondu.
Le maire de Hombourg-Haut est poursuivi depuis le 11 octobre pour avoir prescrit de fin mars 2011 à avril 2013 près de 25 000 ordonnances de Subutex à quelque 285 patients, la plupart du temps lors de consultations expéditives, alors que la prescription de ce substitut à l’héroïne doit être normalement très encadrée.
Soutien populaire, désaveu de l’Ordre
Me Nicolas Matuszak, l’avocat de la caisse primaire d’assurance-maladie de Moselle, l’une des parties civiles, a fustigé ces « statistiques hors norme » et a estimé, tout comme l’avocat général, que le praticien mis en cause « ne pouvait pas ignorer qu’il alimentait ainsi un trafic de médicaments à des fins purement lucratives ».
Ce médecin a « dérapé » et s’est retrouvé « en infraction totale avec les règles déontologiques » de sa profession, a estimé pour sa part Me Stanislas Louvel, l’avocat de l’Ordre des médecins de Moselle, qui s’est également constitué partie civile.
Le médecin bénéficie toutefois d’un certain soutien dans sa commune de Hombourg-Haut : près de 300 personnes ont signé une pétition sur Internet pour sa liberté d’exercer. Et la majorité du conseil municipal a soutenu son choix de rester maire jusqu’à la fin de son mandat.
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