Le Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF) est très circonspect à l’égard du prochain dépôt par le député socialiste Gérard Bapt d’une proposition de loi visant à faire reconnaître l’optométrie en France. Le syndicat y voit le risque d’une « démédicalisation de la filière visuelle au péril de la santé des Français », ainsi que d’une confusion des genres entre la prescription et la vente.
Il cite plusieurs cas d’un patient s’étant fait faire de nouvelles lunettes par son opticien, évitant ainsi une consultation d’ophtalmologie. Il a perdu un œil, ne s’étant pas fait dépister à temps un mélanome de la choroïde. Ou telle autre, s’étant fait équiper de lentilles de couleur alors qu’elle était porteuse d’implants de chambre antérieure. La patiente a dû être réopérée, et risque d’avoir besoin à terme d’une greffe de cornée.
« Attention à l’optométrie, conclut le SNOF, à chacun son métier ».
Renforcer le partenariat avec les orthoptistes
Le syndicat dresse cependant un tableau alarmiste de la démographie médicale des ophtalmos, et propose quelques pistes. « La population vieillit et les besoins en ophtalmologie vont augmenter de 30 % d’ici à 2025 », calcule le Dr Jean-Bernard Rottier, président du SNOF. Parallèlement, le nombre de praticiens va baisser de 30 % d’ici là. En moyenne, 240 ophtalmos partent à la retraite chaque année, alors qu’en 2013, seuls 123 internes seront formés à cette spécialité. Le SNOF prédit donc qu’en 2025, 50 % des actes d’ophtalmologie ne pourront être honorés, si des mesures ne sont pas prises.
Le SNOF propose en conséquence de « maintenir une expertise médicale de qualité, tout en optimisant la chaîne de soins oculaires », grâce à un partenariat renforcé avec des orthoptistes travaillant sous la responsabilité de ces spécialistes. Objectif à terme : passer à 220 actes par semaine et par cabinet, contre 127 en moyenne aujourd’hui.
Le SNOF rappelle que dans les Pays-de-la-Loire, trois protocoles autour de ce thème ont d’ores et déjà été validés par la HAS. « D’ici à juin, croit savoir le Dr Rottier, l’ARS des Pays-de-la-Loire va publier un arrêté autorisant les ophtalmos à mettre en œuvre ces protocoles ».
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