Des chercheurs de Marseille ont mis en évidence un rôle inattendu des cellules souches hématopoïétiques (CSH). On connaît leur capacité à assurer le renouvellement en continu des cellules sanguines. Elles sont aussi prêtes à produire à la demande, « en urgence », des leucocytes en cas de besoin, créé par exemple par une inflammation ou une infection.
« Cette propriété insoupçonnée pourrait être utilisée pour protéger des infections des patients ayant bénéficié d’une greffe de moelle osseuse, le temps que leur système immunitaire se reconstitue », expliquent les chercheurs de l’équipe « Biologie de la cellule souche et du macrophage » (Marseille Lumigny).
La durée de vie des cellules sanguines est limitée : les érythrocytes vivent 3 mois, les plaquettes une dizaine des jours et la majorité des leucocytes ne durent que quelques jours. Les CSH doivent se multiplier, se différencier en temps et en heure pour produire les cellules de remplacement. Michael Sieweke et son équipe avaient déjà découvert que les CSH s’engagent dans une voie de différenciation sous l’effet de facteurs internes et de signaux externes.
Marqueur fluorescent
Ils montrent maintenant que les CSH sont orientées de façon précise dans une voie de différenciation en fonction de facteurs d’appel. Ainsi, le M-CSF (macrophage stimulating factor), produit en quantité par l’organisme lors d’une infection ou une inflammation, active un gène (PU.1) de la lignée myéloïde et conduit à une synthèse rapide et en nombre de macrophages, les cellules adaptées à la situation.
Les chercheurs ont utilisé un marqueur fluorescent permettant de repérer l’état activé ou non de la protéine PU.1, d’abord chez l’animal, puis en filmant les cellules en accéléré sous un microscope. Ils s’aperçoivent que les CSH s’allument presque instantanément en réponse au M-CSF. Et cela active les gènes de la lignée myéloïde.
« Maintenant que nous avons identifié ce signal, il serait possible de l’utiliser pour accélérer artificiellement la fabrication de ces cellules souches chez les malades confrontés à un risque aigu d’infections », souligne le Dr Michael Sieweke. « C’est le cas de 50 000 patients dans le monde qui sont totalement démunis face aux infections juste après une greffe de moelle osseuse. »
Nature, 10 avril 2013.
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