En suivant une approche de génétique des populations, Lluis Quintana-Murci et coll. (Institut Pasteur et CNRS) ont identifié des interférons essentiels à la survie et d’autres qui semblent jouer un rôle plus secondaire. « Nous pensons que les interférons très contraints génétiquement ont un rôle plus spécifique et important dans la lutte contre les organismes pathogènes et qu’ils sont donc potentiellement de meilleures cibles pour développer des traitements efficaces et innovants », souligne Lluis Quintana-Murci.
Dans la famille des interférons de type 1 (interférons alpha/bêta), il y a une grande hétérogénéité génétique. Cela laisse supposer que cette famille a une grande faculté d’adaptation en cas d’exposition à de nouveaux pathogènes. Certains sous-types de cette famille ont évolué sous une forte pression de sélection, ce qui atteste de leur fonction spécifique, non redondante, dans l’immunité contre l’infection.
A contrario, il existe un unique interféron de type 2, l’interféron gamma, qui, lui, ne présente aucune variation d’un individu à l’autre. « Cette grande stabilité indique une action extrêmement spécifique et irremplaçable, en l’occurrence dans la réponse immunitaire anti-mycobactérienne. »
Quant à la famille des interférons de type 3 (interférons lambda), ils présentent des variations génétiques en fonction de la région géographique des individus. Les analyses montrent que les populations européennes et asiatiques « possèdent certaines mutations qui leur ont conféré des avantages, probablement pour mieux résister aux pressions sélectives exercées par les virus. »
Les résultats indiquent que l’on pourrait utiliser les interférons de manière plus fine. Par exemple, l’interféron alpha 2, indiqué dans le traitement de l’hépatite C chronique ou de certains cancers, est assorti d’effets secondaires parfois pénibles. Or, il pourrait être pertinent d’identifier, parmi les multiples IFN de type 1, « un sous-type dont l’action plus ciblée permettrait éventuellement d’éviter certains effets secondaires ».
The Journal of Experimental Medicine, 17 novembre 2011.
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