Leur dyspnée d’effort était incompréhensible. Pourquoi ces soldats en excellente forme physique avant leur déploiement au Moyen-Orient en revenaient-ils essoufflés ? C’est la question à laquelle l’équipe du Dr Robert Miller, de l’université Vanderbilt, à Nashville, s’est attelée à répondre au sein d’une cohorte de 80 soldats ayant des symptômes respiratoires inexpliqués à leur retour de service entre février 2004 et décembre 2009. Le diagnostic est tombé à l’analyse des biopsies pulmonaires : il s’agissait d’une bronchiolite constrictive chez 38 des 49 sujets ayant eu une thoracoscopie diagnostique.
Cette atteinte pulmonaire irréversible rare se rencontre habituellement au cours de maladies systémiques comme la polyarthrite rhumatoïde ou après transplantation d’organe. Elle peut également être associée à l’inhalation de dioxyde d’azote, de dioxyde de soufre, de poussière inorganique, des cendres volantes et du diacétyle utilisé dans la fabrication industrielle du pop-corn.
Le diagnostic de bronchiolite constrictive est difficile à poser. Dans l’étude, la dyspnée d’effort était souvent disproportionnée par rapport aux épreuves fonctionnelles respiratoires, normales ou modérément altérées, à la fois de type obstructif ou restrictif. Néanmoins, la fonction pulmonaire, même dans les limites de la normale, était significativement abaissée par rapport à des militaires témoins en bonne santé. Quant à l’imagerie, la radiographie pulmonaire était normale chez la totalité des 38 sujets atteints, et seul un quart d’entre eux présentait des anomalies non spécifiques à la TDM pulmonaire.
Les chercheurs ont veillé dans leur étude à détailler soigneusement l’exposition aux inhalations environnementales. Et bien leur en a pris puisque des particules de matière ont été retrouvées dans les biopsies pulmonaires, y compris chez les non-fumeurs. Le phénomène ne s’est pas limité aux émanations toxiques des mines de soufre, décrites chez les soldats revenant de la région de Mosul (Irak) en début d’étude. D’autres sources potentielles ont été identifiées par la suite. À savoir, les mines avec combustion à ciel ouvert et les violentes tempêtes de sable. Si la corrélation entre ces particules de matière et l’exposition environnementale est établie de façon formelle, des mesures de protection pourraient être proposées lors des interventions militaires au Moyen Orient.
« N Engl J Med » 2011. 365 :222-30.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature