ARV en prévention du VIH : l’étude qui peut changer la donne

Publié le 13/05/2011
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Crédit photo : © PHANIE

Les résultats ont été annoncés par le NIH aux États-Unis. L’étude a été menée auprès de 1 763 couples, pour la plupart hétérosexuels (97 %), dans neuf pays : le Botswana, le Brésil, l’Afrique du Sud, l’Inde, le Kenya, le Malawi, la Thaïlande, les États-Unis et le Zimbabwe. Les sujets séropositifs ont été inclus avec des taux de CD4 compris entre 350 et 550 par mm/m3 et n’étaient donc pas encore éligibles pour un traitement. La moitié d’entre eux a reçu une trithérapie précoce, l’autre moitié n’a reçu le traitement que lorsque le taux de CD4 était inférieur à 250 ou en cas de symptômes, selon les recommandations de l’OMS. Dans le groupe traité plus tardivement, 27 cas d’infections du partenaire ont été observés contre seulement 1 cas dans l’autre groupe.

L’étude devait se terminer en 2015, mais, devant l’ampleur du bénéfice obtenu, un comité indépendant a estimé qu’elle devait être interrompue. « C’est une excellente nouvelle », a souligné le Dr Myron Cohen, de l’Université de Caroline du Nord qui a dirigé l’étude. « L’essai montre de façon convaincante que traiter des séropositifs avec des antirétroviraux au plus tôt peut avoir un impact majeur pour réduire la transmission du VIH », s’est félicité le Dr Anthony Fauci, directeur de l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID), organisme qui a financé l’étude. « Les précédentes données sur le potentiel des antirétroviraux pour réduire le risque de transmission du VIH provenaient seulement d’études observationnelles ou épidémiologiques », a-t-il expliqué. L’étude en double aveugle multicentrique est la première de ce genre.

Traitements pour tous ?

Le Dr Wafaa el-Sadr (Université Columbia de New York) coauteur de l’essai estime qu’il pourrait être considéré comme l’étude « phare » qui « pourrait bouleverser le traitement et la prévention du VIH ». Un avis partagé aussi par le Dr Sten Vermund, un autre coauteur de l’étude : « Des thérapies précoces sont la meilleure approche pour les personnes séropositives et leurs partenaires séronégatifs », a-t-il estimé avant d’encourager « vivement les efforts visant à offrir ces traitements à tous ceux qui en ont besoin dans le monde ».

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’ONUSIDA n’ont pas tardé à réagir. « Cette percée scientifique change considérablement la donne », a déclaré Michel Sidibé, directeur exécutif du Programme commun des Nations unies sur le VIH/sida (ONUSIDA). « Nous devons maintenant nous assurer que les couples ont la possibilité de choisir le traitement de prévention et qu’ils y ont accès », a-t-il ajouté. Margaret Chan, directeur général de l’OMS estime que l’avancée est « cruciale ». Elle assure que les nouvelles recommandations de l’OMS qui devront être publiées en juillet 2010 vont tenir compte de ces nouveaux résultats. L’ONUSIDA et l’OMS rappellent toutefois que le traitement en prévention doit être utilisé en combinaison avec d’autres options de prévention anti-VIH.

En France, le Pr Jean-François Delfraissy, directeur de l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites (ANRS), estime lui aussi qu’il « s’agit d’un résultat de recherche très important ». Selon lui, les résultats obtenus ne peuvent pas encore être généralisés à la population générale mais peuvent permettre déjà de proposer aux couples sérodiscordants un traitement plus précoce et « même un traitement quel que soit le niveau de CD4 ».

 Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Source : lequotidiendumedecin.fr