De notre correspondant
Il Y A QUELQUES jours, l'union régionale des caisses d'assurance-maladie (URCAM) d'Alsace a présenté son « Observatoire des dépassements » (1), en insistant notamment sur les tarifs pratiqués par un certain nombre de spécialistes, dont les chirurgiens, les dermatologues, les gynécologues et les ophtalmologistes.
«Si nous avons lancé cette démarche, c'est parce que nous sommes fréquemment interpellés par les assurés sur l'ampleur de certains dépassements», précise le directeur de l'URCAM, Joseph Losson, en insistant sur le fait que certains médecins, dit-il, ne font pas toujours preuve de «tact et mesure» pourtant prévu dans leurs obligations déontologiques.
Dans les principales villes alsaciennes, l'ampleur des dépassements, surtout lorsque tous les médecins ou presque sont en secteur II, pose, selon lui, «un vrai problème d'accès aux soins» à certains patients.
Discrédit et suspicion.
Mais les médecins de la région, eux, se sentent «montrés du doigt», voire «criminalisés», d'une façon injuste par les caisses et ils ont décidé de répondre à leurs critiques.
Le Dr Pascal Charles, président de l'union régionale des médecins libéraux d'Alsace (URMLA), observe que l'utilisation systématique du terme «dépassement» sous-entend un «comportement délictueux», alors que les honoraires libres sont en réalité un complément d'honoraire parfaitement légal. Il préfère rappeler, lui, « l'ampleur des désengagements des caisses sur certains actes, dont la chirurgie», et refuse que ces dernières rendent les médecins responsables de cette situation.
Secondé par les présidents de l'Ordre régional et des deux Ordres départementaux de la région, ainsi que par les représentants de la CSMF, du SML et de la FMF, le Dr Charles a présenté à la presse un certain nombre de réalités « oubliées », selon lui, par les caisses, non sans rappeler que la cotation des actes, en France, ne répond plus à la vraie valeur des actes et est bien moindre que dans la plupart des pays européens ; de plus, la part des dépenses laissée aux assurés en France est très inférieure à celle exigée dans la majorité des pays voisins.
«Nous ne contestons pas les chiffres des caisses, dont nous ne disposons d'ailleurs pas, reprend le Dr Charles, mais nous nous insurgeons contre une certaine manière de communiquer, qui vise une fois de plus à fusiller la médecine libérale.»
De plus, rappelle-t-il, si l'Alsace se caractérise effectivement par sa forte proportion d'honoraires libres, c'est aussi la région, après Paris, où les revenus de la population sont les plus élevés : c'est bien la preuve, pour lui, que « tact et mesure » fonctionne bien, et correspond à la structure de la population. Les médecins alsaciens sont conscients de leurs responsabilités et adaptent leurs honoraires, comme le leur permet la loi, sachant qu'il reste des praticiens de secteur I dans toutes les disciplines, sauf une, et que ceux-ci pratiquent des dépassements extrêmement rares et modérés. Enfin, conclut le Dr Charles, si les caisses jugent certains dépassements excessifs, qu'elles en avertissent l'Ordre, dont c'est aussi le rôle de veiller à cela, plutôt que de «jeter le discrédit et la suspicion sur toute une profession».
(1) Consultable sur le site www.alsace.assurance-maladie.fr
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