DE NOTRE CORRESPONDANT
LA SITUATION de Carhaix polarise l'attention depuis plusieurs semaines. Mais la manifestation organisée à Rennes vendredi dernier pourrait marquer l'émergence d'un mouvement régional de défense des hôpitaux. Des cortèges de Redon (où le service de psychiatrie est en sursis), de Quimperlé (où les habitants et les élus craignent pour leurs urgences de nuit), de Concarneau (où les urgences de nuit ont été fermées) et de Brest (où les allogreffes et la neurochirurgie pédiatrique ont été transférées à Rennes), entre autres, étaient présents. «Nous craignons que les urgences de Quimperlé, aujourd'hui autonomes, soient regroupées avec Lorient dans le cadre d'un syndicat hospitalier, prédit, tout en défilant, le Dr Daniel Le Bras, ancien maire de cette ville finistérienne et chef de service à l'hôpital, qui a déjà vu il y a tout juste un an sa chirurgie viscérale et sa maternité fermées. Mais comme cela a été le cas pour Concarneau qui a été fusionné avec Quimper, quand on devient minoritaire, c'est plus difficile de s'opposer à une restructuration.»
Concarneau, justement. Aujourd'hui, habitants et élus sont à Rennes pour protester contre la fermeture des urgences la nuit depuis le 13 juin. «Sur la base des 20 minutes qui devraient être le temps maximal pour accéder à un hôpital, nous estimons que cette fermeture la nuit est illégale, explique Yvon Guillou, un des porte-parole du comité de défense créé depuis. Moi, par exemple, je suis à trente minutes des urgences de Quimper, et j'habite pourtant dans Concarneau. Alors, pour les gens qui vivent à l'ouest de la ville…»
« Le chaos ».
L'entrevue obtenue dans l'après-midi de vendredi avec Antoine Perrin, le directeur de l'agence régionale de l'hospitalisation (ARH), aura-t-elle permis d'obtenir satisfaction côté population ? Le conflit semble être placé davantage sous le signe du rapport de force que de la négociation. Illustration : dans un premier temps rejetée par Antoine Perrin, une délégation de Carhaix a pu assister à la rencontre au sein de l'ARH à force de pourparlers. Mais, avec Christian Troadec, maire de Carhaix, en tête, elle a tourné symboliquement le dos au directeur de l'ARH avant de réitérer ses revendications : un moratoire de 18 mois (et non un sursis à terme en août) et la nomination d'un médiateur (et non du directeur de l'hôpital de Mont-de-Marsan missionné pour soutenir le directeur du CH de Carhaix), puis a quitté la réunion. Sur le terrain, «c'est le chaos», décrit le Dr Thierry Lerner, chef de service de gastro-entérologie à Carhaix et présent dans la délégation. «Depuis le 6juin, toute l'activité de gynéco-obstétrique, de chirurgie (viscérale et orthopédique) et d'anesthésie est suspendue, poursuit ce médecin. Cette décision empêche également la pratique d'une grande partie des actes de gastro-entérologie qu'il a fallu annuler ou reporter… On travaille actuellement sur des projets alternatifs qui passeraient en particulier par un partenariat avec le CHU de Brest. Mais cela ne doit pas empêcher de conserver une activité de chirurgie et de gynéco. Depuis le 6juin, déjà deux accouchements ont dû êtreeffectués à Carhaix dans des conditions difficiles. Une heure pour aller à Lannion, Quimper ou Brest, c'est impossible dans certains cas!»
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