MAI 1968. Deux mots mais beaucoup d'images. Ils n'étaient pas nés, mais ils connaissent bien cette période. La lecture de livres d'histoire, les évocations parfois nostalgiques de leur entourage ou le battage médiatique autour du 40e anniversaire de l'événement ont contribué à façonner leur imaginaire sur cette période agitée de l'histoire de France. Les représentants d'associations étudiantes que « le Quotidien » a interrogés assurent ne jamais agir en pensant à ce mouvement. Lors de la mobilisation nationale à l'automne dernier des internes, des chefs de clinique et des étudiants en médecine auxquels se sont joints des étudiants d'autres disciplines (kiné, orthophonie…) contre la remise en cause de la liberté d'installation dans le PLFSS 2008, d'aucuns ont eu à l'esprit les grandes manifestations de mai 1968. «On est dans des fédérations qui pratiquent peu les grèves et c'est vrai que lorsque nous manifestons, cela nous rappelle d'autres mobilisations de grande ampleur et notamment 1968, reconnaît Rémi Famier, ancien président de le Fédération nationale des étudiants en orthophonie (FNEO). Mai 68 est un élément incontournable de notre bagage culturel.» A croire l'étudiant, l'héritage de cette époque n'est «pas évident à porter». «La société avait l'impression que tout se faisait sans elle. Elle s'est arrêtée et s'est emparée des problématiques de l'époque, poursuit-il. C'est cette image qui nous tient à coeur dans les associations.» Le monde a beaucoup changé et les étudiants comme la société ne partagent plus forcément la même idéologie aujourd'hui. «En 2008, on critique les gens pour leur individualismeet leur consumérisme et on les accuse de ne pas bouger, constate Rémi Famier. Pourtant, la vie associative se porte bien en France et, dans les filières de santé, les associations étudiantes sont très fortes et mobilisent beaucoup d'étudiants.» Quelques mois après le mouvement de Mai 68, la loi Faure remplaçait les facultés par des unités d'enseignement et de recherche (UER), qui allaient devenir des unités de formation et de recherche (UFR) en 1984. Cette loi allait surtout réformer le pilotage des universités en permettant aux étudiants de participer aux conseils universitaires. Pour Charles Mazeaud, président de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF), Mai 68 a permis aux associations de se faire reconnaître et de devenir des interlocuteurs privilégiés des pouvoirs publics : «Les étudiants, notamment en médecine, sont des acteurs des réformes, au centre des débats entre les universitaires, les enseignants, les syndicats… On fait aujourd'hui partie du paysage institutionnel.» La grève nationale des internes et des étudiants de l'automne dernier n'était pas uniquement un «mouvement corporatiste» pour le maintien de la liberté d'installation. «On a aussi manifesté pour le maintien de l'accès aux soins de tous les Français», assure Charles Mazeaud.
Prêts à se battre.
Les étudiants en médecine pourraient-ils être amenés à se mobiliser comme ils le firent en 1968 ? Sans aucun doute. «En 1968, les gens voulaient remettre l'homme libre au coeur de la société, résume Clément Lazarus, étudiant à Paris-VI et ancien responsable de l'ANEMF. Aujourd'hui, avec les dernières réformes sur la santé du gouvernement, on a l'impression qu'on veut toucher à ça! Entre la mise en place de la T2A, le rapport Larcher, le cafouillage sur le remboursement des soins optiques, les franchises médicales… il y a beaucoup de sujets pour lesquels nous aurons à nous battre.»
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature