DE NOTRE CORRESPONDANT
L'ÉCOLE de Strasbourg, dont les locaux construits au pied de la cathédrale abritent de nos jours un bureau de poste et des services municipaux, forma près de 1 000 médecins entre 1856 et 1870, avant de disparaître avec la défaite et l'annexion de l'Alsace-Lorraine, en 1871. Les étudiants, surnommés les carabins rouges en raison de leur tenue, y logeaient et y suivaient une formation spécifique, tout en assistant aussi aux cours de la faculté de médecine civile. L'enseignement dispensé à Strasbourg était complété par une période pratique effectuée au Val-de-Grâce, à Paris. L'école fut reconstituée à Lyon en 1888, et l'actuelle Ecole du service de santé des armées, à Lyon-Bron, en constitue l'héritière directe. En 2006, un colloque fut organisé à Strasbourg pour fêter le 150e anniversaire de l'école. Un livre vient aujourd'hui compléter cet hommage, mais dépasse largement le seul recueil de communications. Le Dr Le Minor et coll. se sont en effet attachés à retrouver et à publier de nombreux textes anciens, dont des souvenirs d'étudiants d'alors ou les travaux du Dr Rouis, sous-directeur de l'école et historien de celle-ci. Régulièrement brocardé par ses carabins en raison de son caractère tatillon, Rouis fut, semble-t-il, un piètre pédagogue, mais laissa en revanche d'excellentes études sur l'école et son fonctionnement.
Brillantes carrières.
A côté de cette mémoire retrouvée, l'ouvrage présente les principaux acteurs de l'école, et en premier lieu le chirurgien Charles-Emmanuel Sédillot, qui en fut le directeur de 1856 à 1868. Sédillot, qui cumula les fonctions et les honneurs tout au long de sa carrière, est considéré comme l'un des chirurgiens majeurs de son temps, tant pour ses innovations opératoires que pour ses travaux dans le domaine de l'hygiène et de l'organisation des soins. C'est d'ailleurs lui qui, avant Pasteur, forma et définit le mot «microbe». Nombre de médecins formés à l'école firent de brillantes carrières par la suite, dont Alphonse Laveran, premier prix Nobel français de médecine pour ses travaux sur le paludisme, en 1907.
Le livre s'intéresse aussi aux autres aspects de l'enseignement dispensé, notamment à la pharmacie et aux pharmaciens, et en retrace le cadre de vie et tout le fonctionnement. Il s'achève sur une présentation de l'école actuelle, à Bron, et offre de nombreuses illustrations et reproductions de documents anciens. Varié et érudit sans être pesant ni savant, cet ouvrage devrait séduire tous les médecins et amateurs qui, de près ou de loin, s'intéressent à l'histoire de la médecine militaire.
* L'Ecole impériale du service de santé militaire de Strasbourg (1856-1870), Presses Universitaires de Strasbourg, 486 pages, 50 euros.
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