LA SURVEILLANCE des infections rubéoleuses chez les femmes enceintes existe en France depuis 1976. Les biologistes du réseau Renarub notifient à l'Institut de veille sanitaire (InVS) les cas d'infection rubéoleuse maternelle avec IGM positives ou les diagnostics d'infection établis chez des nouveau-nés ou des foetus. L'étude publiée dans le « BEH » (n° 20) porte sur les cas certains et probables de primo-infections, réinfections recensées en 2004 et 2005, compte tenu des nouvelles définitions introduites en 2001.
En deux ans, le nombre total d'infections maternelles signalées par les laboratoires a été de 200 (90 en 2004 et 110 en 2005). Seulement 26 (respectivement 10 et 16) correspondent à des infections certaines ou probables. Les 174 cas qui n'ont pas été retenus correspondent soit à des primo-infections ou des réinfections possibles (16) ou des perdues de vue (12), soit à des infections chez des femmes qui n'étaient pas enceintes (43) ou qui avaient une immunité acquise avant la grossesse (99).
Les taux d'incidence d'infections chez les femmes enceintes sont, pour les deux années, respectivement de 1,3 et de 2,1 cas pour 100 000 naissances vivantes. «Depuis vingtans et malgré trois recrudescences en 1993-1994, 1997 et 2000, l'incidence des infections rubéoleuses en cours de grossesse a considérablement diminué et, depuis 2003, leur nombre annuel est inférieur à 20», notent les auteurs. Cependant, la persistance des cas témoigne d'une circulation du virus, notamment chez les adultes jeunes. L'âge moyen des femmes infectées était de 23 ans pour un âge moyen de la maternité dans la population générale de 29,7 ans, avec un taux d'infection chez les moins de 20 ans respectivement de 13,5 et 13,3 pour 100 000 naissances vivantes.
Un risque inacceptable.
La vaccination généralisée des nourrissons – même si elle est encore suboptimale (87 % en 2004) – a entraîné un ralentissement de la circulation du virus et une diminution du taux d'immunisation « naturelle » des enfants non vaccinés, mais elle a aussi contribué à la constitution progressive d'un réservoir de sujets susceptibles chez les adolescents et les jeunes adultes.
Le risque est la survenue de rubéole congénitale malformative (RCM). Quoique faible, il est «difficilement acceptable», déclarent les auteurs. Parmi les 21 nouveau-nés de l'étude, 4 sont atteints de RCM, avec un terme de survenue de l'infection maternelle inférieur à la 12e semaine d'aménorrhée. Un diagnostic anténatal par amniocentèse a été réalisé chez 8 femmes : 5 résultats étaient positifs, donnant lieu à 4 interruptions de grossesse. Parmi les 3 résultats négatifs, une grossesse a été interrompue (IVG).
Ces données soulignent la nécessité d'améliorer la couverture vaccinale chez les adolescentes et les jeunes femmes en âge de procréer non immunes. Le contrôle de l'immunité peut se faire à l'occasion d'une prescription de contraception, par exemple. «Une attention particulière doit être portée aux femmes en âge de procréer qui sont nées dans des pays où les programmes de vaccination ne comportent pas la vaccination anti-rubéoleuse.» Les auteurs rappellent que la vaccination «doit être proposée à toute femme avec une sérologie prénatale négative ou si l'immunité est inconnue et réalisée immédiatement après l'accouchement et avant la sortie de la maternité». Le plan national d'élimination de la rougeole et de la rubéole congénitale prévoit la disparition de la RCM d'ici à 2010.
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