DE NOMBREUSES études épidémiologiques ont montré que les vétérans de la première guerre du Golfe sont plus susceptibles de souffrir de problèmes de santé que les soldats déployés sur d'autres conflits. Le terme de «syndrome de la guerre du golfe», proposé pour décrire ces symptômes multiples et mal définis, est parfois contesté. Une enquête britannique indépendante avait conclu en 2004 qu'aucune raison médicale ne s'opposait à ce que les troubles observés soient regroupés sous le même syndrome (« le Quotidien » du 23 novembre 2004 et du 4 novembre 2005).
Une nouvelle étude présentée lors du 59e Congrès de l'American Academy of Neurology apporte encore des arguments en faveur de l'existence de ce syndrome. Elle a inclus 36 anciens combattants (dont 5 femmes) du conflit de 1990-1991. La moitié d'entre eux se plaignaient depuis leur retour de nombreux symptômes, plus de 5, tels que des douleurs articulaires, de la fatigue, des troubles de la mémoire ou de la concentration, des maux de tête, des éruptions cutanées, des nausées ; l'autre moitié souffrait d'un nombre de symptômes peu élevé (moins de 5). L'examen IRM a mis en évidence des différences significatives entre les deux groupes. Chez les vétérans polysymptomatiques, le volume de certaines structures cérébrales était significativement diminué par rapport à celui du groupe paucisymptomatique : une différence de 5 % a été observée pour le cortex cérébral ; de 6 % pour la partie rostrale du gyrus cingulaire antérieur. La tendance existe aussi, même si elle est moins significative, pour le gyrus cingulaire postérieur et le noyau caudé.
Performances en baisse.
Plus encore, les anomalies de structure observées sont significativement corrélées aux performances obtenues aux tests d'apprentissage et de mémoire (Cvlt, Carolina Verbal Learning Test). Le test comporte la présentation successive de deux listes (A et B). Lors de la présentation de la liste A (16 mots de quatre catégories sémantiques) qui mesure l'habileté à se rappeler, les performances des sujets polysymptomatiques sont moins bonnes de 15 % que celles des sujets paucisymptomatiques ; lors du test avec la liste B, la différence est de 12 %. Plus le volume des structures est faible, moins bonnes sont les performances.
L'origine des différences de volume des structures cérébrales parmi les soldats reste à déterminer, mais les chercheurs avancent l'hypothèse d'une exposition à certaines substances lors du conflit. «De nombreuses troupes ont été exposées à des substances telles que des pesticides et des études ont déjà montré qu'elles avaient un effet délétère sur le système nerveux central», a déclaré Roberta White, un des auteurs de l'étude, professeur à l'école de santé publique (université de Boston).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature