FACE AUX VIOLENCES en milieu scolaire, le service de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent de l'hôpital Robert-Ballanger, à Aulnay-sous-Bois (qui couvre aussi Villepinte et Sevran), en Seine-Saint-Denis, assure une permanence hebdomadaire dans quatre collèges de la ville. Pour la deuxième année consécutive, il offre une aide médico-psycho-éducative qui s'adresse autant aux adultes qu'aux élèves, explique en substance son responsable, le Dr Sylvain Berdah. «Les enseignants paraissent les plus exposés et, paradoxalement, les moins soutenus», précise-t-il. Le comportement de jeunes «hautement perturbants», «tyranniques», parfois mentalement «perturbés», toujours en détresse, peut affecter le climat de toute une classe, voire déstabiliser une école.
Plusieurs professeurs et chefs d'établissement ont témoigné de leur «malaise» devant ces «gêneurs» à l'occasion d'une journée de réflexion organisée la semaine dernière à l'institut universitaire de formation des maîtres de Livry-Gargan, en présence de 250 personnes. L'inspection d'académie de Seine-Saint-Denis, qui a lancé l'opération, entend manifester l'attention qu'elle porte à la montée d'incidents violents dans les collèges, ainsi que dans les écoles maternelles et élémentaires.
Pour Sofia Lamri, médiatrice-prévention, récemment nommée dans le département, les élèves violents, tous en grande souffrance, sont «en quête de conformisme», et «ne savent pas qui ils sont». Deux autres postes de médiateur devraient être créés à la rentrée 2007-2008 en Seine-Saint-Denis, où l'inspection d'académie dispose depuis septembre dernier d'un plan de prévention des violences. Sollicité directement par les établissements, le médiateur-prévention tente de recréer un lien entre le jeune perturbateur, ses parents et les enseignants.
Donner des repères.
Les interventions du Dr Sylvain Berdah, accompagné de deux psychologues, complètent le dispositif*. Pendant une demi-journée par semaine, des profs qui le souhaitent sont entendus, soutenus, remis en confiance. Agés de 23 ans, c'est leur première année d'enseignement. Ils ont besoin d'un coup de pouce et de «connaître la problématique de l'adolescence», explique au « Quotidien » le psychiatre. Au cours de l'année 2005-2006, une douzaine d'entre eux sont venus régulièrement réfléchir pendant 1 h 30 sur la pédagogie avec les intervenants de l'hôpital Robert-Ballanger. «Ils se sentaient épaulés», commente le praticien. Les élèves «tyranniques» se retrouvent face au psychiatre et aux psychologues – à raison d'une demi-douzaine en moyenne à chaque permanence – contraints par un conseiller principal d'éducation, un principal ou son adjoint et, très rarement, à la demande d'enseignants. «Ne voulant pas apparaître comme des “ouf”, ils ne désirent pas être là. De leur point de vue, s'ils vont mal, c'est à cause des autres. Dans ce contexte, il nous appartient de favoriser une rencontre féconde et significative, souligne le Dr Sylvain Berdah. L'objectif consiste à les amener à prendre conscience qu'ils sont pour quelque chose dans ce qui ne va pas dans leur classe ou dans leur collège.» Si ça marche, la clé du changement est entre leurs mains. «Il arrive que l'on en revoie quelques-uns, une ou deux fois, tandis que d'autres veulent être suivis à l'hôpital.» En 2006-2007, une dizaine de collégiens aulnaysiens ont fréquenté le service du Dr Berdah, à Robert-Ballanger. «Il faut comprendre, insiste-t-il, que ces jeunes manquent de repères, à une époque où le narcissisme est à son comble. Ils ne respectent pas les fonctions symboliques. L'éducation doit prendre le dessus.» C'est pourquoi il faut aider l'élève à se restructurer et encourager l'enseignant à devenir à la fois un éducateur et un bon pédagogue, «quelqu'un sachant prendre par la main».
* Pour 2006-2007, le service du Dr Berdah dispose d'un budget de 25 000 euros, « ce qui ne couvre même pas le mi-temps du psychologue qu'il a fallu recruter ».
Pasde0deconduite écrit aux présidentiables
Le collectif Pasde0deconduite* publie une lettre ouverte aux présidentiables demandant l'abrogation des mesures de la loi du 7 mars 2007 sur la prévention de la délinquance qui «portent atteintes au secret professionnel»*. La nouvelle législation prévoit la transmission d'informations sur les familles et les mineurs en difficulté aux maires et aux présidents de conseil général, instituant une sorte de «partage» du secret dans le domaine de la santé et de l'accompagnement social.
Le mouvement, qui a réuni quelque 200 000 signatures dénonçant des projets de détection de troubles du comportement dès la petite enfance pour éviter la délinquance, entend tenir un rôle de «vigie sur les questions de prévention», indique l'un de ses animateurs, le Dr Pierre Suesser, pédiatre, vice-président du Syndicat national des médecins de protection maternelle et infantile. Lancée par des psychiatres, des pédiatres, des psychologues et des psychanalystes, l'organisation annonce la tenue, à l'automne, d'une journée scientifique au cours de laquelle il sera dit «ce que peut être une prévention, après en avoir énoncé ce qu'elle ne doit pas être».
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