LE THÈME choisi par l'OMS pour la Journée mondiale de la tuberculose du 24 mars, « Tuberculose ici, tuberculose partout », rappelle que la maladie est présente partout et que, en raison de son mode de transmission, nul n'est à l'abri.
Le onzième rapport sur la tuberculose publié par l'OMS invite d'ailleurs à la prudence : «Bien que la charge de la tuberculose semble diminuer à l'échelle mondiale, cette baisse n'est pas assez rapide pour atteindre les cibles fixées par le partenariat Halte à la tuberculose.»
8,8 millions de nouveaux cas.
Selon les estimations de 2005, il y a eu 8,8 millions de nouveaux cas de tuberculose dans le monde, dont 7,4 millions en Asie et en Afrique subsaharienne, les deux régions les plus lourdement touchées. Le nombre de décès s'élève, lui, à 195 000 patients infectés par le VIH.
Selon le rapport, les taux d'incidence par habitant se sont partout soit stabilisés, soit diminués, y compris en Afrique et en Europe. Un tel résultat, s'il se confirme, marquerait un tournant dans la lutte contre la maladie : l'objectif du millénaire pour le développement pourrait être déjà atteint, soit dix ans avant 2015. Cependant, le nombre total de nouveaux cas dans le monde a continué d'augmenter lentement, en raison des chiffres élevés, notamment en Afrique, en Méditerranée orientale et en Asie du Sud-Est. Dans d'autres pays d'Asie, qui enregistrent pourtant des taux de dépistage et de succès thérapeutiques élevés, la diminution de l'incidence n'est pas proportionnellement aussi importante que ce qui était attendu. Compte tenu de ces observations, le rapport conclut que «l'épidémie mondiale est sur le point de reculer», mais que l'objectif principal d'une réduction de moitié de la prévalence et du taux de mortalité n'est pas atteint et risque de ne pas l'être d'ici à 2015.
Une augmentation considérable des budgets alloués à la lutte contre la tuberculose est indispensable. Les fonds disponibles se sont fortement accrus depuis 2002, pour atteindre 52 milliards en 2007, mais 1,1 milliard supplémentaire sera nécessaire pour renforcer les actions prévues dans le plan mondial Halte à la tuberculose en 2007.
Parmi les points positifs relevés par l'OMS : la plupart des services de santé reconnaissent que la lutte antituberculeuse doit aller au-delà de la stratégie Dots, même si la nouvelle stratégie Halte à la tuberculose n'est pas encore pleinement opérationnelle. Celle-ci comporte : l'extension de la stratégie Dots, avec l'objectif de dépister 70 % des patients et de réussir le traitement de 85 % d'entre eux ; la lutte contre la coïnfection tuberculose-VIH et contre la tuberculose multirésistante ; le renforcement des systèmes de santé ; l'implication des soignants ; le renforcement de la capacité à agir des personnes touchées par la maladie ; la promotion de la recherche.
Les objectifs fixés pour les programmes Dots ont presque été atteints, puisque près de 60 % des cas ont été détectés en 2005, avec un taux de réussite de 84 %.
La recherche est vitale.
Ainsi, plus de 26 millions de patients ont été traités. Cependant, bien qu'il soit en augmentation, le nombre de patients coïnfectés par le VIH qui ont été diagnostiqués et traités a été de beaucoup inférieur à celui qui était attendu. Des efforts restent à faire dans ce sens, notamment pour dépister la tuberculose chez les personnes infectées par le VIH. Le même constat est fait pour les patients infectés par un bacille multirésistant. Ils sont peu nombreux à être diagnostiqués et traités. Les structures dédiées à ce type de patients restent peu nombreuses. L'ampleur de la tuberculose ultrarésistante n'est pas tout à fait connue, mais la stratégie définie par l'OMS pour lutter contre ce nouveau fléau a un coût élevé. La recherche et la mise au point de nouveaux diagnostics, de nouveaux médicaments et de nouveaux vaccins sont plus que jamais vitales.
Appel aux pays de l'Est
Le bureau régional de l'OMS pour l'Europe et la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge lancent un appel aux gouvernements des pays d'Europe orientale, y compris de ceux qui font partie de l'Union européenne, pour qu'ils accélèrent les réformes nécessaires afin de lutter plus efficacement contre la tuberculose. La région européenne de l'OMS (445 000 cas et 66 000 décès en 2005) est celle qui a le plus faible niveau de détection de la tuberculose-maladie et le taux le plus élevé d'échecs du traitement. La tuberculose polypharmacorésistante représente 15 % des cas de tuberculose dans les Etats baltes, l'Europe orientale et l'Asie centrale, un taux trois fois plus élevé que dans les autres régions du monde.
Un forum ministériel européen sur la tuberculose aura lieu le 22 octobre à Berlin.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature