2006 SERA PEUT-ÊTRE pour la France l’année de tous les records en matière de démographie. Au 1er janvier 2007, la population – France métropolitaine et départements d’outre-mer – est estimée à 63,4 millions de personnes, dont 61,5 en métropole. Les trois premières enquêtes de recensement (voir encadré) ont contribué à une révision à la hausse des estimations déduites du recensement général de 1999. La France se place ainsi au deuxième rang des pays les plus peuplés de l’Union européenne (463,5 millions d’habitants en 2005), derrière l’Allemagne (82,4 millions) et juste devant le Royaume-Uni (60,4 millions).
Cet accroissement est à mettre au compte d’un «excédent naturel record» : le nombre de naissances est en forte augmentation, de plus de 2,9 % en un an, et le nombre de décès est en baisse modérée de 1,3 % par rapport à 2005. Avec un solde migratoire estimé à 93 600 personnes, soit une légère hausse par rapport à 2005 (+ 2 000), la France conserve sa spécificité par rapport à ses voisins européens, puisque les «mouvements migratoires contribuent à un quart de sa croissance démographique, tandis qu’ils représentent 80% de la croissance de l’ensemble des vingt-cinq pays de l’Union», explique Lucile Richet-Mastain (Insee), auteure de l’étude publiée dans « Insee Première » (n° 1118, janvier 2007).
Mieux que l’Irlande.
Le nombre de naissances – 830 900 en 2006, contre 807 000 en 2005 – est «plus élevé que le pic de l’année 2000 et atteint un niveau jamais observé depuis vingt-cinq ans». Le nombre de femmes âgées de 20 à 40 ans, catégorie à l’origine de 95 % des naissances, continue de diminuer (28 000 femmes de moins qu’en 2005), mais elles ont plus d’enfants qu’avant. La bonne nouvelle de ce bilan est que désormais l’indicateur conjoncturel de fécondité atteint 2 enfants par femme, «niveau le plus élevé depuis trente ans». Cet indicateur, qui représente la somme des taux de fécondité par âge observés pour une année donnée, permet d’estimer le nombre d’enfants qu’aurait une femme tout au long de sa vie si les taux de fécondité observés à chaque âge pour l’année considérée (2006) demeuraient inchangés. Passé de 2,11 en 1974 à 1,91 en 1982, cet indice n’avait plus jamais atteint la barre des 2 enfants par femme. Désormais, il est proche des 2,07 considérés comme le seuil nécessaire au renouvellement des générations. Les indicateurs européens ne sont pas encore disponibles, mais l’Irlande, qui détenait jusque-là le record de fécondité (1,9 en 2005), «s’est très probablement laissé distancer par la France», estime Jean-Michel Charpin, directeur général de l’Insee. La France est non seulement le pays le plus fécond d’Europe, mais fait aussi figure d’exception au sein de l’UE. Bien qu’elle soit en hausse, la fécondité moyenne y est de 1,52 enfant par femme, et des pays comme le Slovaquie, la Slovénie, la Pologne, la Lituanie, la Grèce ou la République tchèque enregistrent des indices inférieurs à 1,3.
Toutefois, le nombre de naissances n’est en augmentation que pour les mères de 30 ans et plus, qui ont donné naissance à plus de la moitié (52,8 %) des nouveau-nés en 2006. Les enfants nés de mère étrangère représentent 12 % de l’ensemble des naissances, soit un peu moins qu’en 2005 (12,4 %).
Tout comme l’âge moyen de la maternité, qui continue de s’élever (29,8 ans, contre 27,7 il y a vingt ans), les mariages se font de plus en plus tardivement (29,1 ans pour la femme et 31,1 ans pour l’homme). La hausse observée en 2005 ne s’est pas prolongée. Evalué à 274 400 en 2006 (8 800 de moins qu’en 2005), le nombre de mariages atteint «son plus bas niveau depuis 1995».
A l’inverse, les pactes civils de solidarité (Pacs) sont de plus en plus nombreux. «Sur les trois premiers trimestres de l’année 2006, 57000Pacs ont déjà été enregistrés, soit à peine moins que sur l’ensemble de l’année 2005», note Lucile Richet-Mastain. Depuis sa création en novembre 1999, 263 000 Pacs ont été contractés et 33 6000 ont été dissous (12,8 %), des dissolutions, elles aussi, de plus en plus fréquentes.
L’espérance de vie s’élève.
Autre record français : l’espérance de vie des filles nées en 2006 franchit la barre de 84 ans. Les garçons, eux, dépassent la barre des 77 ans et gagnent cinq mois en un an, contre trois mois et demi pour les femmes. L’écart entre sexes continue à se réduire et n’est plus que de 6,9 ans, un an de moins qu’il y a dix ans. Les données de 2005 plaçaient déjà les Français en bonne place du palmarès européen, avec une durée de vie moyenne de 76,7 ans, un an de plus que les Européens (75,8 ans), mais un an de moins que les Italiens, qui détiennent le record de longévité. Les Françaises dépassaient la moyenne européenne de deux ans (81,9 ans), même si les Espagnoles faisaient mieux (83,9 ans en 2005).
La baisse de la mortalité que nous avons déjà évoquée (531 100 décès, contre 538 200 en 2005) touche davantage les femmes que les hommes et est plus particulièrement marquée chez les femmes de plus de 90 ans. Le taux de mortalité infantile reste sous le seuil de 4 pour 1 000 (3,8 décès d’enfants de moins de 1 an), alors que la moyenne européenne se situe à 4,5 pour 1 000. «Pour la troisième année, la mortalité est en dessous de celle qu’on pourrait attendre», compte tenu notamment du vieillissement de la population.
Plus de 10 millions de Français ont plus de 65 ans ou plus, soit 16,2 % de la population (contre 15 % en 1994). La part des jeunes continue de diminuer : 15,8 millions de Français ont moins de 20 ans, soit 25 % de la population (contre 26,7 % en 1994).
Nouvelle phase de recensement
La nouvelle méthode de recensement se fonde désormais sur des enquêtes annuelles étalées sur un cycle de cinq ans. La situation démographique de 2006, comme celle des années précédentes, ne sera établie de façon définitive qu’à la fin des résultats de toutes les enquêtes en 2008. Après les trois premières enquêtes de 2004, 2005 et 2006, une quatrième démarre aujourd’hui. Les opérations de collecte s’étendront sur une période de quatre à cinq semaines selon la taille des communes. Quelque 18 000 agents recenseurs vont rendre visite, annoncés par un courrier du maire, à 9 millions de personnes. Deux questionnaires devront être complétés : une feuille de logement et un bulletin individuel par personne vivant dans le logement. La participation au recensement est un acte civique obligatoire. Les informations recueillies sont strictement confidentielles.
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