Journée mondiale contre les maladies respiratoires

Tous contre la Bpco

Publié le 08/11/2006
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LE TABAC, ennemi public n° 1. Tandis que le décret d’application de la loi interdisant de fumer dans les lieux publics chemine dans les tuyaux de l’administration, le Comité contre les maladies respiratoires se prépare à animer, le 15 novembre, la 5e Journée mondiale de lutte contre la Bpco, la maladie des fumeurs par excellence. L’occasion de rappeler que la broncho-pneumopathie chronique obstructive (Bpco) touche de 4 à 10 % des adultes, envoie 100 000 personnes à l’hôpital et tue jusqu’à 16 000 personnes par an. Cela en fera en 2020 la troisième cause de mortalité par maladie en France.

Trente pour cent des fumeurs ou anciens fumeurs présentent des symptômes de cette maladie, le plus souvent après 40 ans. Pour 10 % d’entre eux, cela devient un handicap respiratoire qui limite les activités quotidiennes. Un défi pour la santé publique. Ne serait-ce que parce qu’un traitement efficace de la Bpco nécessite un diagnostic précoce, avant que l’obstruction des bronches ne soit trop accentuée. «La difficulté, explique le Dr Nicolas Roche, pneumologue à l’Hôtel-Dieu (Paris), c’est que les symptômes (toux chronique, essoufflement, bronchite aiguë) apparaissent tardivement, à un moment où la fonction respiratoire est déjà très altérée.» Résultat : la maladie n’est diagnostiquée que chez 20 à 30 % des malades.

La solution ? Envisager le dépistage pour toute la population à risque, c’est-à-dire les plus de 40 ans qui ont connu un tabagisme supérieur à « 10 paquets-années » (soit un paquet par jour pendant dix ans, soit deux paquets pendant cinq ans…). Mais aussi les personnes qui ont eu une exposition professionnelle prolongée à des toxiques inhalés.

Convaincre les adolescents.

Reste que l’objectif principal est bien d’inciter à éteindre la cigarette… ou à ne jamais l’allumer. Dans son action de prévention, le Comité contre les maladies respiratoires insiste cette année sur le comportement tabagique des adolescents, dans la mesure où le handicap intervient d’autant plus tôt que l’on a commencé à fumer jeune. «On constate une diminution de l’âge de la première cigarette», commente le Pr Housset, président de la Fédération française de pneumologie : 13,4 ans pour les garçons, 13,6 pour les filles. Ce dernier chiffre est le plus frappant : à la génération passée, c’est à 19 ans en moyenne que les jeunes filles découvraient le tabac. Les mesures dissuasives portent un peu de fruits puisque la prévalence du tabagisme a diminué de 2 à 3 % ces dernières années, portant à 39 % la proportion d’adolescents qui fument quotidiennement. Des résultats cependant «notoirement insuffisants», regrette le Pr Housset.

La «sanctuarisation» des espaces publics, effective en février 2007, va-t-elle jouer un rôle ? Selon Philippe Godard, président de la Société de pneumologie, la mesure a produit de réels résultats à l’étranger. En Ecosse, par exemple, une étude a démontré la forte diminution du tabagisme passif (qui contribue lui aussi à la Bpco) depuis la mise en place d’une loi antitabac comparable. Mais la loi influence aussi la consommation des fumeurs : «En France, on peut espérer une baisse du tabagisme de 3 à 5%», estime-t-il. La lutte contre le tabac, un travail de longue haleine.

Dans 20 villes

Faire connaître la maladie, aider au dépistage, soutenir la recherche : tels seront les objectifs de la journée du 15 novembre, organisée par le Comité contre les maladies respiratoires. Des actions de sensibilisation et de dépistage seront menées dans 20 villes françaises. Les états généraux de la Bpco se réuniront à Paris, au ministère de l’Ecologie, de 10 heures à 12 h 30.

Site Internet : www.lesouffle.org.

> CYRIL DOUILLET

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8047