UN MILLIER de cas de légionellose en 2003, 1 202 en 2004 et, selon les résultats que rapportent dans le « BEH » des chercheurs de l’Institut de veille sanitaire et du Centre national de référence des légionelles (Lyon ), 1 527 en 2005. Et une incidence moyenne, en France métropolitaine de 2,5 cas pour 100 000 habitants contre 2/100 000 l’année précédente (et 1/100 000 en moyenne européenne). La progression pourrait inquiéter si elle ne relevait en grande partie de l’amélioration du système de surveillance. De cette amélioration témoignent notamment le délai de notification (à partir de la date d’hospitalisation), passé de quatre à trois jours, la forte proportion (67 %) de cas signalés à la Ddass dans un délai d’une période d’incubation (10 jours) et le fait que des cas non hospitalisés ont été diagnostiqués.
L’âge moyen des personnes atteintes était de 61 ans et un seul cas a été déclaré chez un enfant. Dans près de la moitié des cas (47 %), les premiers signes se sont manifestés en période estivale (entre le 1er juin et le 30 septembre). L’évolution de la maladie était connue dans 90 % des cas, avec 152 décès sur 1 367 cas : le taux de létalité, de 11 %, est inférieur à celui de 2004 (14 %), mais la différence n’est pas statistiquement significative. Pour en savoir plus sur les déterminants des formes graves et de la létalité ainsi que sur les séquelles à long terme, une étude nationale a été lancée en avril dernier, pilotée par la Société de pathologie infectieuse de langue française.
Un ou plusieurs facteurs favorisants ont été retrouvés dans 71 % des cas et le tabagisme comme seul facteur dans 29 %. Une exposition à risque lors de la période d’incubation a aussi été rapportée dans 39 % des cas : séjours hospitaliers (100 cas nosocomiaux, mais seulement 44 signalés comme tels), établissements thermaux (11 contaminations), hôtels-campings (167 cas), maisons de retraite (73 cas). Pour limiter ces derniers cas, une circulaire sur la prévention des risques liés aux légionelles a été adressée en octobre aux établissements qui hébergent des personnes âgées.
Mieux connaître la bactérie.
Plusieurs épisodes épidémiques ont marqué l’année. A Lyon, 34 cas ont été enregistrés entre le 28 avril et le 9 mai ; l’enquête environnementale a permis d’identifier cinq sites avec des tours aéroréfrigérantes positifs en Legionella pneumophila (l’espèce retrouvée dans 99 % des cas diagnostiqués en France). Dans les Alpes-Maritimes, 74 cas ont été enregistrés, contre 42 en 2004. D’autres cas groupés présumés ont été observés : 9 à Paris, dans le quartier Rive Gauche-Est, 7 dans le Bas-Rhin, 8 à Rennes.
La caractérisation des cas groupés et l’identification de la source de contamination sont difficiles car le pourcentage de cas pour lesquels une souche a été isolée reste inférieur à 20 %. Les chercheurs insistent sur la nécessité de coupler le diagnostic par antigénurie à un prélèvement broncho-pulmonaire. «Les diverses actions menées ces dernières années ont fortement contribué à l’amélioration de la surveillance, concluent-ils. Cependant, pour voir diminuer le nombre de cas de légionellose en France, il est indispensable d’améliorer les connaissances sur la bactérie et sur son comportement afin d’intervenir en amont sur les installations à risque.»
Les centrales nucléaires sous surveillance
L’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset) avait été saisie, le 15 novembre 2004, par les ministres de l’Environnement, de l’Industrie et de la Santé, d’une évaluation des risques sanitaires liés aux proliférations de Legionella dans l’eau des tours aéroréfrigérantes des centres nucléaires de production électrique d’EDF.
L’Agence devait évaluer les mesures de surveillance et de prévention et les niveaux d’intervention pour limiter le risque sanitaire lié à la présence de Legionella. Elle devait également identifier les mesures alternatives de prévention, ainsi que les études qui pourraient renforcer les connaissances utiles à la maîtrise de ce risque.
L’Agence conclut aujourd’hui à la nécessité de plans de surveillance des concentrations de légionelles pour les installations d’EDF et de l’approfondissement des études relatives aux cas sporadiques de légionellose, notamment ceux situés à proximité des installations concernées. Elle insiste par ailleurs sur le besoin de communiquer les résultats de surveillance des niveaux de Legionella mesurés par EDF, à destination notamment des autorités sanitaires locales, doublée d’une collaboration régulière.
Un second avis sera publié ultérieurement concernant les traitements préventifs et curatifs des eaux de ces installations et leurs effets éventuels sur l’environnement. > A. B.
Rapport disponible sur www.afsset.fr (documents).
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