La colère des maîtres de stage

Les généralistes enseignants se dotent d’un syndicat

Publié le 02/04/2006
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LE SYNDICAT NATIONAL des enseignants de médecine générale (Snemg) a été porté sur les fonts baptismaux pendant le week-end. Créée par le Collège national des généralistes enseignants (Cnge), cette nouvelle structure entend défendre «plus efficacement les intérêts matériels et moraux de la collectivité des enseignants de médecine générale et accompagner la structuration de la filière universitaire de médecine générale» (« le Quotidien » du 16 mars).

Les multiples rencontres du Cnge, ces derniers mois, avec les ministères de la Santé et de l’Education nationale n’ont pas permis d’obtenir d’avancée concrète. L’heure est donc venue, pour le Pr Pierre-Louis Druais, de doter le Collège qu’il préside d’un « bras politique ». «Force est de constater que le discours du Cnge concernant l’organisation de la filière universitaire de médecine générale n’est toujours pas entendu, note-t-il . Ses moyens de conviction restent insuffisants». Fondé il y a une trentaine d’années, le Cnge souhaite aujourd’hui consacrer à nouveau son action au travail scientifique et à la recherche. Le Cnge et le Snemg seront indissociables puisque, sur les vingt membres du conseil d’administration, huit seront issus du bureau du Collège.

La filière universitaire au point mort.

Malgré la reconnaissance au rang de spécialité de la médecine générale avec la création d’un diplôme d’études spécialisées (DES) en 2004, le Cnge n’a pas obtenu ce qu’il réclamait : une filière universitaire avec l’ouverture d’une sous-section de médecine générale au Conseil national des universités (CNU), la création de postes de chef de clinique ambulatoire et la titularisation des professeurs universitaires de la discipline, enfin une révision à la hausse du statut universitaire et des honoraires pédagogiques des maîtres de stage qui n’ont pas évolué depuis plusieurs années. La situation est devenue inacceptable, selon le Pr Druais : «Comment expliquer que 104enseignants de médecine générale aujourd’hui doivent former 50% des médecins de demain alors que 6000enseignants titulaires forment l’autre moitié?»

Le mouvement de colère enfle depuis quelques semaines dans les facultés. A Nice, la grande majorité des 80 maîtres de stage ont fait savoir à leur doyen et à leur département de médecine générale qu’ils refuseraient de prendre des stagiaires à partir du 1er mai si les revendications du Collège national n’étaient pas entendues par les autorités de tutelle. Une réunion est prévue le 4 avril pour permettre aux maîtres de stage d’exposer aux doyens et aux étudiants les difficultés qu’ils rencontrent dans leur pratique.

La création du Snemg répond à une nécessité et à une urgence. Elle revêt une symbolique toute particulière à l’aube d’élections professionnelles très attendues par la profession. Car s’il n’a pas vocation à se présenter aux unions régionales, le syndicat entend peser sur la scène politique en sensibilisant davantage les pouvoirs publics et les syndicats représentatifs qui ne se sont jamais réellement impliqués dans le combat des généralistes enseignants. Avant l’élection du bureau du Snemg, le Pr Druais a souhaité rencontrer les représentants des syndicats professionnels et d’étudiants oeuvrant pour la médecine générale (Alliance, Anemf, Unof-Csmf, Espace Généraliste, FMF, Isnar-Img, MG-France, SMG, SML, Snjmg) pour présenter le plan de bataille du nouveau syndicat et leur demander de s’engager dans le champ universitaire de la discipline. «Nous avons reçu beaucoup de soutiens de principe, nous attendons maintenant des actes», prévient le Pr Druais.

> CHRISTOPHE GATTUSO

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7932