PRINCIPALE CAUSE de mortalité par cancer chez les femmes, le cancer du sein tue encore en France 12 000 femmes chaque année. Lancée aux Etats-Unis en 1993, une campagne de sensibilisation tente chaque année de mobiliser les femmes et de les inciter au dépistage. En France, la campagne a vu le jour en 1994, grâce au partenariat entre un groupe de cosmétiques, Estée Lauder, un groupe de presse, « Marie Claire », et une association animée par le Pr Claude Jasmin, NRB-Vaincre le cancer, tous trois membres fondateurs de l'association Le cancer, parlons-en. Comme chaque année, des manifestations seront organisées dans toute la France, avec le symbole historique de ralliement que constitue le « ruban rose ».
Plusieurs éléments nouveaux vont contribuer cette année à amplifier la mobilisation. Dans le cadre du Plan cancer lancé par le président de la République en mars 2003, la journée du 1er octobre a été déclarée Journée nationale du dépistage.
Participation insuffisante.
Malgré la généralisation en mars 2004 du dépistage organisé, la participation des femmes est encore insuffisante. Les chiffres disponibles font état d'un taux compris dans la plupart des départements entre 20 et 67 %, avec une moyenne d'environ 40 %. Mais il est loin du taux cible de 80 %. En Aveyron par exemple, département précurseur en la matière, les femmes sont invitées à passer une mammographie gratuite tous les deux ans en se rendant dans l'un des cinq pôles de radiologie agréés et privés ou au Mammamobile qui circule dans les cantons ruraux. La présidente du Comité féminin constate : « En zone rurale, les chiffres de la fréquentation du Mammamobile attestent la mobilisation. En ville, l'information doit être répétitive et régulière. Les femmes ne sont pas assez attentives à la lettre d'invitation que leur adresse personnellement l'Adeca (Association aveyronnaise pour le dépistage des cancers) et qui leur demande de se manifester, même si elles sont invitées à titre individuel. » En effet, l'objectif à terme est de réduire la part du dépistage individuel.
Pour cela, l'Institut national du cancer (INCa) intensifie la sensibilisation, notamment en présentant un état des lieux du dépistage et les nouvelles approches à envisager pour inciter les femmes à mieux adhérer au dépistage (« le Quotidien » du 21 septembre).
Le Pr David Khayat, président de l'INCa, se rendra au Sénat et à l'Assemblée. Il participera au colloque annuel du Comité féminin de Paris qui se tiendra au Sénat le 3 octobre, en présence du Pr Claude Jasmin et du Pr Jean-Claude Étienne, sénateur. Là aussi, le même constat est dressé : « A Paris, plus de 50 % des femmes ne font pas de mammographie. Les moyens mis en œuvre aujourd'hui ne suffisent pas. Il est nécessaire d'explorer d'autres pistes. »
Chiffres terrifiants.
Aux 3es Rencontres parlementaires sur le cancer du 5 octobre, il sera question du cancer du sein mais plus largement du Plan cancer et des progrès réalisés dans la lutte contre la maladie. « Les chiffres sont terrifiants, constate le Pr Khayat. Le cancer touche un homme sur deux et une femme sur trois et aujourd'hui 2 millions de personnes vivent avec un cancer. » Le chiffre de 150 000 décès annuels pourrait doubler d'ici à vingt ans.
La mobilisation voulue par le président de la République est en marche, grâce à la généralisation du dépistage organisé du cancer du sein, bien sûr, mais aussi à l'amélioration de la prise en charge. La généralisation des consultations d'annonce, mise en place à titre expérimental dans 50 000 consultations, devrait s'achever à la fin de l'année. Quinze millions d'euros ont été prévus pour cela. « Le dispositif devrait comporter quatre temps. Un temps médical, en quelque sorte une deuxième consultation, qui donnera plus de temps au médecin pour annoncer la maladie. Un temps soignant ou consultation par un(e) infirmier(e), qui tentera de réexpliquer avec les mots du patient. Ce deuxième temps sera doublé d'un troisième temps médico-social, au cours duquel le soignant tentera de détecter les situations difficiles (solitude, manque de ressources) », explique le président de l'INCa. Un budget de 70 euros est prévu pour ce temps infirmier. Le système repose sur la coordination hôpital/ville. « Tout médecin qui voudra prendre en charge une personne atteinte d'un cancer devra appartenir à un réseau. Un dossier communiquant de cancérologie (différent du DMP) permettra de suivre l'histoire du patient et d'assurer la continuité des soins. Il devrait être prêt à la fin de l'année 2006 », poursuit le cancérologue.
Les nouveaux traitements seront aussi à l'ordre du jour des rencontres parlementaires. « C'est un domaine qui a une forte valeur symbolique car on a l'intuition que les choses peuvent bouger très vite », souligne le Pr Jean-Michel Dubernard (président de la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales et président du groupe d'études sur le cancer et la santé publique de l'Assemblée nationale). Les antiangiogenèses, les anticorps monoclonaux sont des voies prometteuses. « L'herceptine a pour la première fois permis de doubler l'espérance de guérison des patientes atteintes de cancer du sein », note le Pr Kahyat. Pour la première fois aussi, un vaccin antitumoral sera commercialisé en 2007 contre le cancer du col, qui tue encore 1 000 femmes chaque année en France.
Quelques événements
- L'institut régional du cancer Nantes-Atlantique organise le samedi 1er octobre la 6e édition d'Onco, colloque destiné aux médecins généralistes et spécialistes. Le thème cette année, « La prise en charge du cancer du sein, de la prévention à la surveillance, aujourd'hui et demain ». (Westotel, à la Chapelle-sur-Erdre ; tél. 02.40.67.99.04)
- Amoena, premier fabricant européen de prothèses mammaires externes, renouvelle l'opération « Lumières pour l'espoir », avec la vente de bougies et de pin's « rubans rose » au prix de 2 euros.
- Dans l'Aveyron, un immense ruban rose sera déroulé le 1er octobre. Un concert en faveur du dépistage se déroulera le 15 octobre à la chapelle royale de Rodez.
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