ENTRE 1974 ET 2000, le Nhanes (National Health and Nutrition Examination Survey) a réalisé quatre études évaluant la ration calorique et la répartition des principaux nutriments dans la population américaine. De 1971 à 2000, la ration calorique moyenne a augmenté de 168 kcal chez l'homme (2 450 vs 2 618) et de 335 kcal chez la femme (1 542 vs 1 877). Le pourcentage de la ration énergétique apporté par les hydrates de carbone est passé de 42,4 % à 49 % chez l'homme et de 45,4 % à 51,6 % chez la femme ; le pourcentage calorique apporté par les protéines et les lipides est resté stable ou a légèrement diminué. Dans le même temps, on constate que la prévalence de l'obésité aux États-Unis est passée de 14,5 % à 30,9 %. Mais ces premières enquêtes ne permettaient pas de déterminer s'il existait ou non une corrélation entre le poids et les apports en nutriments. Tel était donc l'objectif de l'étude menée par Marian Apfelbaum et David Benchetrit (la clinique du poids, Paris-Atlanta).
Entre mars 2003 et avril 2004, 28 700 personnes (25 047 femmes et 3 653 hommes) ont visité le site Internet de la clinique du poids aux États-Unis et ont répondu à un questionnaire qualitatif et quantitatif sur leur mode de vie et leur alimentation.
Rappelons que le programme de la clinique du poids identifie, à partir des données recueillies, les habitudes alimentaires de chaque internaute et réalise un bilan nutritionnel complet. Le recours à ce service en ligne est payant et les patients sont donc motivés.
Les leçons à tirer de ce travail
L'analyse de ces données a fait l'objet d'une communication au dernier congrès de la Naaso (North American Association for the Study of Obesity), au cours de laquelle les auteurs ont tiré plusieurs conclusions.
Premièrement, les personnes recourant au programme de la clinique du poids ont effectivement un problème de poids : 83,8 % des femmes et 98,2 % des hommes sont en surpoids ou obèses.
Deuxième observation, l'IMC est corrélé à la ration calorique quotidienne : l'apport énergétique quotidien chez les personnes en surpoids est de 4 % supérieur à celui des sujets normopondérés et cette augmentation atteint 12 % chez les obèses.
En revanche, le pourcentage des protéines dans la ration calorique globale ne varie pas avec l'IMC ; toutefois, en valeur absolue, la quantité de protéine ingérée s'élève avec l'IMC. De la même façon, le pourcentage des hydrates de carbone dans la ration calorique globale est le même quel que soit l'IMC, alors qu'en valeur absolue la quantité d'hydrates de carbone consommée augmente avec la corpulence.
Les résultats concernant les lipides sont bien différents ; en effet, les auteurs ont retrouvé une forte corrélation entre l'augmentation de la consommation de graisses, en grammes et en pourcentage, et l'IMC. Cette corrélation est particulièrement forte chez les femmes et chez les personnes obèses.
Les auteurs concluent : premièrement, qu'un excès calorique régulier même peu important se solde à long terme par une augmentation de l'IMC et, deuxièmement, que la réduction de la part des graisses semble être une approche appropriée pour une perte de poids. Ils soulignent, en outre, le danger de la mode aux États-Unis du lowcarb , qui consiste à réduire très sévèrement l'apport d'hydrates de carbone et donc automatiquement à augmenter celles des lipides.
Et les Français ?
Marian Apfelbaum et David Benchetrit ont conduit une étude du même type que celle menée aux États-Unis sur une population de 52 673 personnes en France. Chez la femme, les résultats obtenus sont identiques à ceux retrouvés dans la population américaine des deux sexes ; à savoir une relation entre IMC et apport calorique moyen ; une relation entre pourcentage des lipides dans la ration énergétique et IMC ; l'absence de relation entre pourcentage de glucides et de protéines dans la ration énergétique et IMC. Chez l'homme, les résultats sont identiques concernant l'énergie, les glucides et les protéines, mais la relation avec les lipides est moins forte. Dans ce groupe, l'alcool joue un rôle prépondérant dans la prise de poids et relègue les lipides en deuxième position.
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