SI LE MAL DE DOS n'est pas une pathologie à proprement parler, c'est un symptôme douloureux plus ou moins invalidant qui altère la qualité de vie. Il a aussi un coût très élevé en termes de santé publique en raison de sa forte prévalence : de 70 à 80 % des Français y sont un jour ou l'autre confrontés. Ce qui a pour conséquence que le mal de dos représente 7 % des arrêts de travail et le deuxième motif de visite chez le généraliste.
La lombalgie a donc été inscrite comme l'une des priorités de la loi de santé publique d'août dernier. L'objectif est de réduire de 20 % les lombalgies chroniques. « En même temps, il faudra diminuer les facteurs psychosociaux au travail, réduire la surmédicalisation et favoriser la reprise du travail en cas de douleurs peu importantes », précise Philippe Lamoureux, directeur général de l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé.
La réponse de l'Inpes est aujourd'hui de présenter une nouvelle mouture de son guide « Ouvrons le dialogue », pour « aider les médecins dans leur rôle d'éducateur qui fait partie de la relation soignants-patients à inciter les Français à prendre soin de leur dos », explique-t-il. Cette éducation est d'autant plus importante que « ce n'est pas tant la lombalgie qui pose problème, mais son passage à la chronicité », insiste le Pr Serge Poiraudeau (service de rééducation et de réadaptation fonctionnelle, hôpital Cochin, Paris).
Un consensus.
Ce dialogue passe par la lutte contre de nombreuses « croyances et peurs » liées au mal de dos, dont la plus importante est que l'exercice physique aggrave le problème. Il n'y a pas de solution miracle. Cependant, « il y a aujourd'hui un consensus scientifique international pour dire que le repos au lit durant les phases douloureuses n'est pas recommandé et que les activités de la vie quotidienne doivent être maintenues autant que la douleur le permet », explique le Pr Poiraudeau. Selon lui, les déterminants sont ailleurs, en particulier dans « les facteurs psychosociaux au travail : stress psychologiques, cadences inadaptées... ».
Concrètement, l'outil de l'Inpes comprend une affichette à mettre en salle d'attente, un livret avec plusieurs tests (pour repérer les situations favorisant le mal de dos, pour mesurer ses conséquences sur le quotidien) et des informations sur le fonctionnement du rachis, une réglette pour évaluer la douleur du patient et, enfin, un autre livret pour aider le patient à réfléchir à ce qu'il souhaite faire pour prendre soin de son dos (faire des exercices physiques, mieux utiliser son corps, mieux gérer la douleur).
Pour l'Inpes, ce type d'outil a déjà fait ses preuves. Une première expérience a été tentée avec 864 médecins généralistes entre septembre 2003 et mars 2004 en leur distribuant un instrument d'éducation similaire. Après trois mois, on a observé que le passage à la chronicité a diminué de 25 %.
Un envoi aux médecins
L'outil « Mal de dos, ouvrons le dialogue » sera envoyé gratuitement, au début du mois de février, aux services déconcentrés de l'Etat, aux réseaux de l'assurance-maladie, aux réseaux des comités d'éducation pour la santé, aux mutuelles, à l'Ordre des médecins, aux syndicats professionnels et sociétés savantes de médecins généralistes, aux chefs de service de rhumatologie et de médecine physique et de réadaptation, aux syndicats professionnels de médecins du travail et de kinésithérapie.
En même temps, un dépliant de présentation de la collection « Ouvrons le dialogue » sera envoyé à la totalité des généralistes et des médecins des services santé au travail pour commander les livrets gratuitement.
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