L'affaire a commencé en 1994. Le médecin du travail de l'usine Adisseo, à Commentry (Allier), spécialisée dans la fabrication d'additifs pour la nourriture animale (vitamines A, E et méthionine), diagnostiquait un cancer du rein chez un ouvrier. Neuf autres ont été détectés depuis, à la suite du dépistage mis en place par la direction.
Selon le toxicologue Henri Pezerat, directeur de recherche honoraire au CNRS, consulté par le comité d'hygiène de l'entreprise, c'est le chloracétate C5 qui est à l'origine de ces cas groupés.
Une expertise que, sans la récuser, le Pr Gilles Brucker juge pour le moins hâtive ; le président de l'InVS, prévenu il y a trois semaines, a dépêché sur place le responsable du département Santé-travail de l'Institut. « Il s'est tout d'abord agi de vérifier la réalité de ces cancers, explique-t-il au "Quotidien". A priori , elle est confirmée. Ensuite, il était urgent de déterminer si des personnels de l'usine risquaient d'être actuellement soumis à des des expositions dangereuses. Les premières investigations sont sur ce point rassurantes et il ne nous semble pas opportun de soustraire une partie des salariés à tel ou tel site. »
Reste donc le principal de l'investigation à mener : l'enquête rétrospective sur les causes professionnelles possibles. « Il va falloir enquêter bien en deçà de l'année du premier cas, souligne le Pr Brucker, et l'exemple de l'école de Vincennes où avaient été repérés aussi des cas de cancers groupés a montré que deux années pouvaient être nécessaires avant de parvenir à une conclusion. »
Le patron de l'InVS insiste donc sur le caractère « très préliminaire du travail qui vient de commencer et qui s'annonce très long. Contrairement aux enquêtes alimentaires, comme sur les cas de listérioses, même si notre réactivité est aussi grande que possible, on ne peut préjuger de rien quant aux suites de l'investigation et aux délais requis avant de conclure. »
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