Chaque année, plus de 9 500 malades ont besoin d'une greffe d'organe. En 2001, 3 225 patients ont pu être greffés tandis que 239 d'entre eux sont décédés faute de greffon. La demande de prélèvement sur l'un de leur proche brutalement décédé est souvent vécue par les familles non sensibilisées au don comme une « agression supplémentaire » qui s'ajoute au choc psychologique de la mort.
L'Etablissement français des greffes (EFG), avec les différents acteurs engagés en faveur du don d'organes, a donc décidé d'orienter sa communication vers l'incitation au dialogue au sein des cercles familiaux et amicaux (« le Quotidien » du 22 avril). Depuis deux ans, une journée de réflexion sur le don d'organes et la greffe est organisée le 22 juin dans tout le pays.
« Les objectifs de l'information et de l'éducation en matière de greffe sont posés : il faut expliquer ce que sous-entend le don d'organes, faire comprendre les enjeux, contribuer à une adhésion en confiance », explique le Pr Didier Houssin, directeur de l'EFG.
Actuellement, le taux de donneurs prélevés en France est de 17,8 par million d'habitants. Il était de 15 en 1997. « Notre objectif, pour les malades, est d'atteindre le nombre de 20 prélèvements par million d'habitants, reprend Didier Houssin. Pour susciter l'adhésion, cette adhésion qui fait appel à la solidarité, la générosité et la responsabilité citoyenne, il faut avec l'aide de tous, lever les freins. »
Cette année, 25 hôpitaux de métropole et d'outre-mer se sont engagés à sensibiliser l'ensemble de leurs personnels. Plus de 60 000 soignants ont reçu un document d'information sur le prélèvement et la greffe et seront également destinataires, dans le courant du mois, d'un document exposant spécifiquement la façon dont leur hôpital participe à cette activité thérapeutique.
De nombreuses manifestations sont proposées localement. En voici quelques exemples. L'espace éthique de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris organise, en liaison avec l'EFG et France Culture, toute la journée, au centre Georges-Pompidou, un grand débat public intitulé « Médecine et société : les limites du possible » (en matière de don et de greffe d'organes). Des médecins, chercheurs, soignants, philosophes, sociologues et personnes greffées interviendront autour des grandes questions que soulèvent les pratiques de la greffe.
A Quimper, France Adot (Association des donneurs d'organes et de tissus), en partenariat avec l'hôpital et la Mairie de la ville, organise une compétition de roller. En Vendée, il y aura une grande randonnée pédestre dans la ville des Herbiers.
Les médecins et les pharmaciens de l'ensemble de ces 25 départements sont également sollicités pour accompagner l'action de sensibilisation du 22 juin et proposer à leurs patients une documentation sur le prélèvement et la greffe.
Des messages sur les ballons
Un grand lâcher de ballons aura lieu, dans chaque ville participante, à 18 heures. Pour témoigner de sa solidarité auprès des malades en attente de greffes, chacun peut rédiger un message qui sera accroché aux ballons. Ces messages, qui peuvent prendre la forme d'un dessin, d'un collage ou d'un texte, sont à renvoyer à « EFG, un message pour le 22 juin », BP307, 75563 Paris, Cedex 12, ou sur le site Internet (www.efg-sante.fr), ou encore par téléphone (Numéro Vert 0800.20.22.24).
Comme l'année dernière, des spots télévisés, réalisés par le cinéaste Elie Chouraqui, seront diffusés les 20, 21 et 22 juin sur TF1 et France Télévision et les chaînes d'outre-mer.
En outre, un concert luminographique est organisé sur la place des Halles (esplanade Saint-Eustache) à Paris vers 22 heures. Imaginées par Jorge Orta, ces créations graphiques offrent un spectacle autour de la symbolique du cur et de la place de l'homme et de son corps dans la chaîne de vie.
« La France est passée d'une période de très forte diminution du nombre de donneurs à celle d'une légère augmentation, avec une évolution lente mais rationnelle des comportements, indique Didier Houssin. En multipliant les moyens de communication via cette journée de réflexion et les actions vers le grand public, les professionnels de santé, ou encore les collégiens (notamment avec la remise des prix du concours national de philosophie sur le thème éthique et don d'organes) , nous souhaitons amplifier cette évolution. »
Les chiffres du prélèvement
L'évolution de l'activité de prélèvement a été marquée par un point culminant en 1989 puis par un déclin de 1989 à 1994, d'autant plus critique qu'il s'accompagnait d'une augmentation du nombre de patients en attente de greffe.
Depuis 1995, la tendance s'est lentement inversée, avec une amélioration, amorcée dès 1998, de l'activité de prélèvement qui, en 2001, se rapproche du niveau de 1989. Au cours des sept dernières années, le recensement des personnes en état de mort encéphalique a progressé de 43 %. En 2001, la hausse du recensement avoisine 11 % avec 2 238 personnes identifiées contre 2 016 en 2000. Cependant, l'augmentation du prélèvement ne progresse pas aussi fortement que celle du recensement, en raison d'une part importante de donneurs potentiels âgés non prélevés et du taux d'opposition au prélèvement qui reste important, autour de 30 %. En effet, sur ces 2 238 personnes décédées, seulement 1 066 ont pu être prélevées. Les autres ne peuvent l'être soit pour des raisons médicales, soit par opposition exprimée par la famille ou par le défunt lui-même de son vivant. La moyenne d'âge des personnes en état de mort encéphalique était de 42,5 ans en 2001.
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