Actuellement, en France, 150 000 enfants de 0 à 5 ans risquent de devenir mal ou non-voyants s'ils ne sont pas dépistés et équipés précocement. Corrigés avant 2 ans et demi, ils peuvent récupérer une vision normale. Au-delà de 5 ans, une bonne vision n'est retrouvée que dans 50 % des cas. Or, la vision joue un rôle majeur chez le jeune enfant, car elle participe au bon développement des activités motrices, des compétences cognitives et de l'affectivité. D'où l'importance d'un dépistage précoce de ses troubles visuels potentiels. C'est pourquoi l'Association nationale pour l'amélioration de la vue (ASNAV) a organisé un colloque interdisciplinaire à Paris. Pédiatres, puéricultrices, médecins de PMI, personnels de maternité, des crèches, médecins scolaires, ophtalmologistes, opticiens et orthoptistes ont débattu des mesures à suivre pour améliorer prévention et dépistage.
3,7 millions d'enfants ont entre 0 et 5 ans. On admet que 1 sur 6 a des problèmes de vision, soit environ 620 000 enfants répartis de la façon suivante : 150 000 présentent des signes d'amblyopie et/ou de strabisme ; 400 000 sont amétropes et ne développeront pas d'amblyopie fonctionnelle ; 70 000 ont des lésions organiques (4 000 sont aveugles, 4 000 ont une amblyopie organique et 1 200 une cataracte).
Des comportements révélateurs
Pour détecter au plus tôt les troubles de la vision, il ne faut pas compter sur l'ophtalmologiste. En effet, il ne constitue que le dernier maillon de la chaîne de dépistage. C'est aux parents et à l'entourage social de remplir ce rôle déterminant. Le comportement de l'enfant peut se montrer très révélateur : il faut donc garder l'il sur lui. Une maladresse répétée, une modification des capacités d'attention, une difficulté lors de l'apprentissage de la lecture, un nez plongé dans les livres ou des yeux scotchés sur l'écran de télévision sont autant d'indices d'un trouble visuel potentiel. Une simple observation des mouvements oculaires de l'enfant permet par ailleurs de découvrir un dysfonctionnement oculomoteur, tel que le strabisme ou le nystagmus. Enfin, les parents doivent prendre au sérieux leur enfant quand il se plaint de douleur oculaire. Si cette dernière s'accompagne de larmoiements, de photophobie ou encore de difficultés scolaires, il ne faut pas hésiter. Ce sont autant de signes d'alerte qui doivent entraîner une consultation du spécialiste. La consultation permettra de confirmer la présence d'une amblyopie et de trouver un traitement adapté au besoin. Jean-François Le Gargasson, médecin et chercheur à l'INSERM, est catégorique : « L'amblyopie doit impérativement être dépistée car elle peut être combattue. Il faut donner toutes les chances à son enfant de bien voir ; son avenir socioprofessionnel en dépend. »
Surveillance sanitaire
Une surveillance sanitaire et sociale de l'enfant jusqu'à 6 ans est assurée par les services départementaux de protection maternelle et infantile. Les examens de prévention des enfants plus âgés relèvent des services de l'Education nationale. La réglementation a fixé le nombre d'examens préventifs dont doit bénéficier le jeune enfant avant 6 ans. Ces examens sont souvent l'occasion de la découverte d'une pathologie oculaire.
Dernier moyen de détection mis en uvre : les expériences de dépistage de masse réalisées par des associations, à l'instar de celle menée par le comité de dépistage de l'amblyopie du Douaisis (Nord). Depuis 1990, 19 131 enfants de 3 ans ont été dépistés au sein de leur école maternelle. Au total, 10 % des écoliers ont été identifiés comme présentant une ou plusieurs anomalies visuelles ; seulement 4 % d'entre eux étaient déjà suivis par un spécialiste. Le bilan de cette expérience est encourageant. « Après dix campagnes de dépistage, la découverte tardive (après 4 ans) d'une amblyopie est devenue exceptionnelle », s'enthousiasme Chantal Chirez, ayant participé au projet en tant qu'orthoptiste. « J'espère que ce genre d'initiatives locales va se multiplier, pour que, au final, l'efficacité du dépistage soit maximale. »
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